Parlons polar

 

La double fonction du polar…….

 

Le polar est loin d’être un art mineur, quand bien même son seul objet serait de nous divertir qu’il en serait déjà fort louable mais quand au-delà d’une intrigue mystérieuse il développe une thèse ou nous fait découvrir ou redécouvrir des faits historiques dont certains pratiquement inconnus. Il acquière alors toutes ses lettres de noblesse en tant qu’objet culturel à part entière.

 

Dans cette lignée je pourrais citer également l’excellent Régression de Fabrice Papillon qui vient de sortir et qui nous emmène dans une enquête criminelle au suspense incroyable avec des détours assez inattendus sur la vie de Jésus ou la lutte d’influence entre Cuvier et Lamarck (inspirateur de Darwin) sur la théorie de l’évolution au 19ème siècle. Je vous le recommande vivement.

 

Pour ce deuxième opus de la trilogie de Nicolas Beuglet Le complot, conseillé par mon ami Jacques, l’intrigue nous embarque d’une ile presque déserte avec sa quarantaine de maisons battues par les vents, en Norvège à la cité antique de Byblos en passant par le Vatican. L’inspectrice Sarah Geringën, héroïne de la trilogie, escortée des forces spéciales découvre le cadavre d’une femme très importante. Que cachait-elle sur cette île, dans un sanctuaire en béton enfoui au pied du phare ? Sarah, très vite, le pressent : la scène du crime signe le début d'une terrifiante série meurtrière. Dans son enquête, curieusement, quelqu'un semble toujours la devancer. Comme si cette ombre pouvait lire dans ses pensées... J’ai été happé dans cette histoire comme je l’ai été à l’époque par le Da Vinci code de Dan Brown. Chacun des chapitres nous conduit peu à peu vers une théorie du complot contre les femmes. Que l’on adhère ou pas à cette théorie, sans aucun doute le côté «la vérité cachée au monde » est peu crédible, l’argumentation est néanmoins parfaitement étayée avec un véritable travail de recherche historique de l’auteur. Le sujet est plus que jamais au cœur de l’actualité : l’égalité homme/femme. C’est très bien écrit, le rythme vous emmène à bout de souffle jusqu’au dernier chapitre dont l’action se déroule au Vatican et qui est époustouflant d’imagination.

Crédible ?? Peu importe on est emporté comme dans un James Bond ou tout est invraisemblable mais addictif. Bref une histoire sans négliger l’Histoire et une position « féministe » de l’auteur à saluer.

 

Dans le troisième opus L’Ile du diable notre enquêtrice Sarah Geringën doit découvrir quel lourd secret de famille se cache derrière l’étrange et machiavélique mise en scène du meurtre de son propre père. On est toujours en Norvège, décidément aussi glacée que l’omelette régionale ! Rassurez-vous on finira en Sibérie au climat tout aussi avenant, même l’intrigue est glaçante, c’est dire !! Mais on en redemande car on adore se faire peur comme dans les premiers films de De Palma (pour ceux de ma génération bien sûr !!) Quel passé traumatisant cachait ce père ? Quel est ce lourd secret enfoui jusque dans ses gênes ?

 

Dans ce roman palpitant de bout en bout l’histoire rejoint l’Histoire avec une des pages méconnues et des plus sombres de la Russie qui en a écrit pourtant beaucoup. Nicolas Beuglet nous parle de vengeance et de culpabilité par le biais de l’épigénétique, discipline scientifique récente qui traite de la transmission des souffrances. Il est intéressant de noter que Lamarck évoqué ci-dessus, fut un défenseur de la théorie de la transmission des caractères. Aucun des grands scientifiques de l’époque ne l’avait suivi dans cette voie, et jusqu’à une période récente aucun scientifique moderne. A la faveur des recherches actuelles sur l’épigénétique il pourrait bien redevenir à la mode !! Un roman à dévorer sans modération !!

 

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