Les refuges

Jérôme Loubry

Éditions Calmann Levy et Livre de poche

Sandrine, une jeune journaliste, est convoquée par son notaire pour vider la maison de sa grand-mère qu’elle n’a pratiquement pas connu et récemment décédée. Une originale qui vivait seule sur une île minuscule, pas très loin de la côte au large de Villers sur mer. Lorsqu’elle débarque sur cette île grise et froide, Sandrine découvre une poignée d’habitants âgés organisés en quasi autarcie. Tous décrivent sa grand-mère comme une personne charmante, loin de l’image que Sandrine en a. Pourtant, l’atmosphère est étrange ici. En quelques heures, Sandrine se rend compte que les habitants cachent un secret. Quelque chose ou quelqu’un les terrifie. Mais alors pourquoi aucun d’entre eux ne quitte-t-il jamais l’île ?

Qu’est-il arrivé aux enfants du camp de vacances précipitamment fermé en 1949 ?

Qui était vraiment sa grand-mère ?

Sandrine sera retrouvée quelques jours plus tard, errant sur une plage du continent, ses vêtements couverts d’un sang qui n’est pas le sien……

Curieux et fascinant roman de Jérôme Loubry publié en 2019 que je lis avec un peu de retard car les échos tardifs sont souvent les plus fiables et loin de l’immédiateté médiatique. Pour me détendre un peu en cette période morose, où on ne sait qui du virus ou du gouvernement est le plus malfaisant (selon la définition du Larousse, une idée malfaisante est une idée dont les effets sont néfastes, et de ce point de vue le gouvernement rejoint en TGV les écolos-verts, dont vous savez bien maintenant qu’ils ont une idée à la con par jour !!), je décide donc de lire un polar ! Au bout de quelques pages bingo, le piège s’est refermé ! Impossible de laisser Sandrine seule sur cette ile mystérieuse !

 

Il faut faire très attention aux trains qui en cachent d’autres, surtout quand les passages ne sont pas au niveau. Le roman débute ainsi par un cours de psychologie sur le thème des refuges et là je vous renvoie à ma citation du début (peut être Lao-Tseu sinon je la revendique) car souvent le doigt cache la lune (comme le confinement ou le couvre-feu cache l’impréparation des masques, des tests, des lits de réanimation etc..). Pardonnez moi pour ces digressions mais cette période noire me fait voir rouge. Pour revenir à notre sujet, les refuges sont donc ceux de l’esprit pour s’évader de la solitude, de l’enfermement, de la séquestration. Sont-ils ceux de Sandrine ? Je vous laisse le découvrir.

 

Jérôme Loubry est très habile, les chapitres s’enchainent comme des tiroirs dont chaque fond recèle un passage secret. Le poème de Goethe, Le roi des aulnes, le terrifiant roi des Aulnes, est le fil conducteur du récit. C’est très bien écrit, parsemé de nombreuses citations et aphorisme : c’est un peu comme danser avec le diable, personne n’en a envie, mais chacun durant son existence a droit à son tour de piste. Je vous recommande vivement ce roman (Prix Cognac 2019), bien plus qu’un polar classique. Pour terminer avec Lao-Tseu (avec cette citation dont je suis sûr) : si quelqu’un t’a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre.

 

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