Rencontre avec Franck AFOTA

A l’occasion du congrès Construire un os pour la vie*, Julien Biton a rencontré Franck Afota, l’un des responsables du comité scientifique

AO NEWS #54 - Novembre 2022


AONews. Franck, pouvez-vous en quelques mots nous décrire votre parcours et votre pratique ?

 

Franck Afota. J’ai été étudiant à la fac dentaire de Nice, et passé l’internat pour accéder au 1er poste d’interne en chirurgie orale. Cette formation a duré 4 ans suivi d’un assistanat temps plein dans le service de chirurgie orale et maxillo-faciale de l’Institut Universitaire de la Face et du Cou (IUFC)

Je suis aujourd’hui spécialiste qualifié en chirurgie orale à Nice avec une activité orientée sur la reconstruction osseuse pré-implantaire et l’implantologie. J’ai un exercice à la fois libéral au sein de la Clinique St George et hospitalier (PH temps partiel), où j’ai des internes en formation, et la direction notamment du D.U. de Chirurgie Osseuse Pré implantaire.

 

AON. Concernant la spécialité en chirurgie orale, que vous a-t-elle fait découvrir ?

 

F.A. Après l’externat, j’ai découvert une vraie vocation avec cette spécialité. En tant qu’interne, on a l’immense opportunité de réaliser des stages en chirurgie maxillo-faciale (CMF), où l’on est constamment formé sur l’anatomie faciale, et où on assiste à des chirurgies lourdes comme de la chirurgie orthognathique, chirurgie cervico-faciale ou encore traumatologie faciale.

Voir ces chirurgies a été très fondateur, cela m’a permis de démystifier la chirurgie et les complications. On s’aperçoit que les gestes de bases sont souvent communs : incisions, dissection des structures anatomiques, sutures. Être au contact de médecins et de chirurgiens permet d’amener une culture médicale générale. Par exemple, ils n’hésitent pas à staffer leurs complications et échecs, ce qui ouvre vraiment l’esprit. Je suis moi-même aujourd’hui associé en libéral avec 2 ORL et 2 CMF.

 

AON. Et c’est là que vous y avez rencontré votre mentor …

 

F.A. En effet, j’ai eu la chance de croiser la route de Dr Charles Savoldelli, MCU-PH en CMF à Nice. Il m’a pris sous son aile avec une exigence rare, ce qui m’a un peu déstabilisé au début. Pour vous citer un exemple : sortant de 5ème année, l’internat en poche, j’étais sûr de savoir suturer correctement et bien je peux vous dire qu’après m’avoir vu faire 2-3 points, il m’a vite renvoyé au labo d’anat m’entraîner…. (rires)

Si j’en suis là aujourd’hui, il en est pour beaucoup, il m’a transmis sa rigueur et surtout son empathie auprès des patients. C’est aujourd’hui un collègue et ami, il co-dirige le DU à mes côtés.

 

AON. J’imagine que vous opérez beaucoup sous anesthésie générale, selon vous quels sont les cas où l’anesthésie générale est nécessaire ? 

 

F.A. J’opère la moitié de mes cas au bloc opératoire de la clinique : soit en sédation IV, soit en AG.

A mon sens, dès qu’une intervention dépasse 1h30-2h une aide anesthésique peut être nécessaire pour le confort du patient. Dans ma pratique, la demande d’AG est importante pour les réhabilitations complètes sur implants type full arch avec mise en charge ou encore pour les greffes osseuses de grand volume. Je garde l’anesthésie locale pour les chirurgies classiques plus courtes.

 

AON. Depuis quelques années l’Institut de la face et du cou de Nice fait de plus en plus parler notamment avec certaines formations d’excellence, je pense au D.U d’implantologie basale ou encore le DU de chirurgie osseuse pré-implantaire. A qui s’adressent ces formations ? 

 

F.A. Concernant le DU de chirurgie osseuse, il est réservé à des praticiens déjà chevronnés en implantologie, qui désirent franchir le cap des augmentations osseuses dans leur pratique. Un DU d’implantologie (ou internat) ainsi qu’une expérience en chirurgie implantaire sont exigés lors de la sélection.

 

AON. Que vous apporte le fait d’y enseigner ? 

 

F.A. Cela me force d’abord à me mettre à jour sur ma littérature scientifique d’années en années !

Le DU me permet aussi d’assister aux cours et d’y découvrir chaque année de nouveaux tips aux côtés de vraies références dans le domaine (Joseph Choukroun, Georges Khoury, Marco Ronda, Jérôme Surménian et j’en passe). Enfin, on fait des rencontres incroyables à chaque promo, avec qui on garde contact et qu’on retrouve en congrès.

 

AON. J’ai eu l’occasion de vous voir en tant que conférencier à Euro-Implanto. Aujourd’hui vous êtes au comité scientifique des assises de chirurgie orale avec Charles Savoldelli, racontez-vous comment avez-vous réussi à vous imposer dans ce grand congrès ORL ? !

 

F.A. Les Assises d’ORL (aujourd’hui appelée Assises Face et Cou) existe depuis 25 ans avec un maitre mot : pluridisciplinarité. C’est un peu l’ADF des ORL.

Ce congrès ouvre ses portes à toutes les spécialités de la face : assises d’ORL, d’esthétique, du sommeil, chirurgie orthognathique et orthodontie… Chaque congressiste peut choisir ses conférences et ateliers en fonction de ses préférences, tout est regroupé dans la même enceinte, le Palais des Congrès de Cannes.

Avec l’émergence de la chirurgie orale, l’inclure dans les spécialités chirurgicales du visage semblait une évidence. Je remercie Pr L. Castillo de nous avoir permis de lancer ce 1er volet des Assises de chirurgie orale au sein d’un congrès déjà prestigieux.

 

AON. Vous avez réuni de grands conférenciers, un super casting, comment l’avez-vous fait ? 

 

F.A. Il s’agit en grande partie de conférenciers membres de l’équipe du D.U. et d’amis qui font référence en la matière. Je tiens à les remercier d’avoir répondu à l’appel pour cet évènement excitant.

 

AON. A qui s’adresse ce congrès, plutôt le chirurgien exclusif ou même les omnipraticiens sont les bienvenus ?

 

F.A. ll s’adresse à tous ceux qui souhaitent apprendre des protocoles simples et applicables dès le lendemain à leur cabinet en greffes osseuses. Le but est vraiment de faire venir les équipes médicales ensemble aux Assises : omni, chirurgiens oraux, et orthodontiste, CMF (assises d’ODF et de chirurgie orthognathique) afin que chacun assiste aux conférences qui l’intéressent au fil des 2 jours et demi.

 

AON. Construire un os pour la vie, c’est le thème du congrès alors j’ai deux questions : est-ce que c’est vraiment possible ? A qui s’adresse ces reconstructions osseuses ? 

 

F.A. On a voulu aborder le grand thème de la stabilité osseuse péri implantaire, vaste sujet qui va de l’évolution des biomatériaux, à l’ostéo-immunologie en passant par les péri-implantites et les nouvelles techniques d’augmentations. On évoquera la fameuse cratérisation implantaire que l’on connait tous, mais aussi les reconstructions de défauts 3D au niveau osseux et tissulaire. Cette volonté d’un os pérenne autour de nos implants est une problématique pour tous, aussi bien omnipraticien que chirurgien exclusif.

 

Propos recueillis par Julien Biton

 

*Cannes, 2-4 février

www.assises-orl.fr

 

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