Questions - Réponses aux industriels

Dossier spécial AONews : Une photographie de l'implantologie en France

AONews #22 - Novembre 2018


Le matériel

 

Si vous deviez recommander un système implantaire à un praticien inexpérimenté et dûment formé, quels seraient les critères objectifs de choix de ce système ?

La polyvalence et simplicité tant pour les indications chirurgicales que pour les solutions prothétiques évoqués dans les réponses, sont importantes, néanmoins des efforts doivent être encore accomplis dans ce domaine par les fabricants. Quelques sociétés vraiment « sérieuses » commencent à proposer des systèmes compatibles avec des marques existantes depuis longtemps, dont les brevets sont accessibles. Ceci n’est qu’un début, mais il est encourageant pour un avenir proche

La qualité de la fabrication est indéniable, et devrait pouvoir être prouvé par des organismes de contrôle qualité qui distribueraient des labels.

La solidité financière de l’entreprise, qui doit avoir de l’ancienneté et une diffusion internationale, est facilement vérifiable par chaque utilisateur, grâce à Internet.

La disponibilité de l’équipe commerciale et un S.A.V. performant sont absolument essentiels. En termes de SAV, un utilisateur doit se renseigner au préalable sur les procédures de retours et d’échanges de ses implants et composants prothétiques. Ceci fait aujourd’hui l’objet de procédures extrêmement strictes.

Un débutant en implantologie devrait systématiquement demander à son fournisseur la possibilité d’un programme de coaching individuel auprès d’un confrère expérimenté. Si cela n’est pas possible avec ce fournisseur, il serait mieux d’en choisir un autre, ou éventuellement de trouver par lui-même un confrère habilité à ce travail.

Concernant les facultés, le point est sensible et des efforts de part et d’autre doivent être réalisés. En effet, plusieurs universités françaises n’ouvrent pas leur enseignement à tous les systèmes (sérieux s’entend) et limitent l’accès à un ou deux fabricants. De ce fait, des marques disposant de technologies intéressantes ou différentes ne font plus l’effort d’être présents dans ces universités « fermées ».

Enfin, concernant les réponses sur la trousse chirurgicale, l’intérêt des forets à étage me paraît limité. En effet, le foret idéal doit épouser au mieux la forme de l’implant qui sera mis en place, d’où l’importance d’utiliser les forets du fabricant de l’implant utilisé. Pour les états de surface, la question est plus délicate, car il difficile à court terme d’obtenir un vrai résultat quant à l’efficacité ou les risques de telle ou telle nouvelle surface.

 

Quel serait pour vous le juste prix d’un implant de bonne qualité ?

Les tarifs évoqués sont dans la tendance actuelle, pour un système de qualité et de réputation internationale.

Cette technologie reste relativement onéreuse pour les systèmes qualitatifs, dont le niveau de tolérance est proche de celui de l’horlogerie. Ceci entraine aussi le fait que les tarifs des implants de qualité ne pourront plus baisser de manière significative.

 

Faites-vous confiance aux implants vendus à bas prix ?

On peut effectivement confirmer qu’au bout de quelques années sans souci important, un système peut commencer à être considéré comme fiable.

Beaucoup d’ex systèmes « Low cost » sont devenus d’excellents systèmes de réputation internationale, et avec des tarifs qui ne sont plus « low cost » aujourd’hui. Leurs investissements en qualité de fabrication, en recherche et développement, en réseau de distributions fiables ont entrainé une hausse logique de leurs tarifs.

 

Un collège de spécialistes ne devrait-il pas être consulté avant commercialisation, pour avis préalable, dans l’esprit des AMM pour les médicaments ?

Il faut que les autorités parviennent à une régulation dans ce domaine, au même titre que pour les autres prothèses du corps humain dont la traçabilité se fait à chaque unité placée dans le corps, et non au numéro de lot comme les implants dentaires.

 

Quel serait le recul clinique nécessaire pour la mise sur le marché d’une innovation ?

Une période de 5 ans semble effectivement raisonnable, mais les progrès réalisés en termes de calcul informatique de fatigue notamment sont considérables. Nous pouvons le constater dans l’industrie automobile ou les tests de résistance des pièces au crash tests sont effectués sur ordinateur.

 

Pensez-vous que l’implant en zircone ait une place légitime dans notre arsenal thérapeutique et pour quelles raisons ?

L’implant en Zircone a très certainement un avenir pour les cas particuliers comme évoqués. La technologie reste onéreuse et les tarifs ne permettent pas encore une diffusion plus large.

 

Sur une échelle de 0 à 10, quel crédit accordez-vous respectivement, aux hypothèses d’allergie au titane et de risque de corrosion du titane ?

La majorité des implants dentaires aujourd’hui disposent de traitement de surface en soustraction, donc sans dépôt quelconque sur ladite surface. Nous avons connu dans le passé les revêtements en addition, tels que le HA (Hydroxyapatite), le TPS (Titane Plasma Spray), ou autres.

Le risque de dépôt de matériau durant la mise en place des implants ‘soustractifs’ est considérablement réduit, et les cas d’allergies sont aujourd’hui effectivement rarissimes. Les alliages de Titane, par exemple Grade V ont vu leur part d’alliages réduits, notamment en aluminium et de ce fait réduisent encore les risques d’allergies de la part des patients.

 

La mesure objective de l’ancrage osseux par l’ISQ (Osstell®) doit-elle être encouragée, en particulier dans la zone maxillaire postérieure ?

L’utilisation de ce type de système est très intéressante et rassurante pour des chirurgiens débutants ou peu expérimentés

 

Pensez-vous que l’implant sera remplacé par le génie génétique ?

Cette révolution arrivera certainement un jour à être parfaitement au point, mais avant une réelle fonctionnalité et mise sur le marché de très nombreuses années vont passer.

 

La péri-implantite

 

Serait-il souhaitable de revenir à un état de surface implantaire usinée ou mixte ?

Plusieurs fabricants ont repensé le concept de l’implant hybride, imaginé par Denis Tarnow dans les années 90. Cette technologie allie le meilleur des deux mondes, si l’on peut s’exprimer ainsi.

Ce type d’implant devient même indispensable dans le cas de patients présentant des problèmes parodontaux, ou des gros fumeurs.

 

La formation professionnelle

 

Pensez-vous que la formation professionnelle actuelle en implantologie soit satisfaisante ?

Le problème, vu du côté des fabricants d’implants est complexe. Tous considèrent aujourd’hui que les formations universitaires ou par des sociétés savantes sont largement en dessous des attentes. Beaucoup de praticiens sortent de ces formations en n’ayant abordé que de la théorie et sans avoir placé un seul implant !!!

Ces chirurgiens se tournent vers des formations dispensées par les fabricants eux-mêmes où des poses d’implants sont organisées mais sur des modèles fantômes. Ces formations sont la plupart du temps bien trop courtes et ne pourront en aucun cas combler le déficit de l’enseignement universitaire ou des sociétés scientifiques. Il serait indispensable que toute la profession s’allie afin de former de façon réellement efficace tous les praticiens souhaitant ajouter l’implantologie à leur pratique. Comme évoqué précédemment, le coaching régional reste une des meilleures options.