La prévention de la péri-implantite

avec Jacques BESSADE

Conférence AO Lyon Janvier 2017

Jacques Bessade, implantologiste exclusif, mais aussi directeur de la publication de notre revue préférée, nous a fait l’honneur de partager avec nous sa présentation de la prévention de la péri- implantite.

 

En guise d’introduction, et pour donner un petit caractère lyonnais à son intervention, il nous a raconté une histoire liée à son activité d’expert près la cour d’appel de Paris. Il avait en effet été sollicité afin de mettre hors de cause de nos confrères dans le cas d’une infection nosocomiale. Il s’est avéré que la bactérie causale était un Staphylococcus Lugdunensis qui comme son nom l’indique, a été découverte à Lyon en 1988 ; et il se trouve que lorsqu’elle est cultivée en boîte de pétri, ça sent la rose ! Belle histoire pour la capitale mondiale de la rose !

 

La présentation du docteur Bessade fait suite à une réflexion liée à sa pratique exclusive depuis de nombreuses années. En effet, il était admis autour d’un implant, une perte osseuse de 0,1 mm par an. Cependant, de 1980 à 2005 et de 2005 à 2017, la vie de l’implantologiste n’est plus la même.

 

On décrivait la péri implantite, il faut également parler de mucosite. La mucosite est une péri- implantite avec des poches supérieures ou égales à 5 mm, une perte osseuse supérieure à 2 mm, un saignement mais pas toujours accompagné de pus. Dans les études actuelles on dénombre environ 20 % de péri implantites et 30 % de mucosites. Il semblerait que ces chiffres soient sous-évalués.

 

Il est très important que les patients fassent des contrôles réguliers et il est même conseillé de leur faire signer un document sur lequel est écrit en toutes lettres : « j’ai bien noté qu’il est nécessaire et indispensable de faire un contrôle clinique et radiographique régulièrement, au risque de péri-implantite et de perte osseuse ».

 

De façon très méthodique et très claire, Jacques Bessade a listé les facteurs de risque qui peuvent être locaux : l’hygiène, la maintenance, la maladie parodontale, un problème occlusal, la présence de corps étrangers ou encore l’absence de gencive attachée. Mais ces facteurs de risque peuvent également être systémiques tels que le diabète, le tabac ou encore une inflammation chronique généralisée.

 

Nous mettrons l’accent sur certains points.

  • Le tabac par exemple est responsable d’un mauvais contrôle du métabolisme puisque l’hémoglobine glycosylée est supérieure à 8 % et peut donc être en lien avec le développement d’un diabète dont le contrôle est indispensable pour une bonne santé bucco-dentaire.
  • La maintenance doit être bien sûre personnelle grâce au brossage et à l’utilisation du fil dentaire mais aussi professionnelle ; on peut conseiller des bains de bouche ayurvédiques encore appelés oil pulling, qui sont assainissant. Le jet dentaire est incontournable, mais attention aux brosses électriques sources de dévissage.
  • Notre ennemi public n°1 est le BIOFILM.
  • Le scorbut réapparaît à cause des habitudes alimentaires spéciales entraînant une carence (les maladies chroniques et la nutrition sont liées). Les gens qui se disent «vegan » sont carencés et doivent complémenter leur alimentation. Le thé entraîne une carence en fer induisant une mauvaise hémoglobine et une mauvaise cicatrisation. Un déficit en vitamine D, lorsque le dosage en calciférol et inférieur à 75 nmole/L, a des conséquences sur le remaniement osseux. Il faut savoir que l’on stocke quatre fois moins de vitamine D à 70 ans qu’à 30 ans. Toute chirurgie est un facteur de stress qui entraîne une diminution de la vitamine D, le surdosage est impossible d’autant plus que la cortisone et les barbituriques bloquent le métabolisme de la vitamine D. Le cholestérol est également un élément très important à surveiller son dosage doit être inférieur à 1,5 g par litre.
  • Les parodontites complexes se traitent par des cures de deux à trois mois en programmant des séances de maintenance et en veillant à avoir des images superposables.
  • La profondeur du sillon péri-implantaire doit être mesurée après la pose de la prothèse. Cette mesure servira de référence pour tous les sondages ultérieurs.

 

Ce qu’il faut retenir : c’est la même plaque que l’on trouve autour des dents ou des implants. Il n’y a pas de grande différence entre les implants lisses ou rugueux. Les problèmes arrivent souvent dans la septième année après la pause. Il vaut mieux une surface usinée chaque fois que le risque est plus important. La maladie parodontale doit être prise en charge avant la pose d’implant.

 

Le taux de péri implantite est important dans les réhabilitations complètes, c’est pourquoi il faut faire en sorte que ce soit facile à nettoyer et à démonter. En ce qui concerne la maintenance professionnelle il faut préférer des curettes en titane car elles rayent moins et ne pas hésiter à utiliser l’aéropolissage (Air Flow Soft).

Enfin pour terminer, le contrôle de l’occlusion en maintenance est primordial, en effet la surcharge est responsable de perte osseuse mais l’infraclusion n’est pas non plus sans conséquences.

Ce fut une conférence qui marquera les esprits, en effet, la salle a écouté cette présentation dans un silence religieux !

  1. Eric Schnek, Léon Choel et Thierry Sandretto
  2. Laura Cohen Brigitte Farahat, Corinna Attia et Julien Klein aux anges d’être aux côtés de ces dames !
  3. Une assistance bienveillante et attentive
  4. Léon Choel, Hervé et Romane Touati
  5. Thierry Sandretto et Johanna Benchetrit