Tunnelisation versus lambeau bilaminaire

avec Benjamin Cortasse

une conférence AO Lyon, le 7 Juin 2018

Marie-Hélène Azoulay - Benjamin Cortasse - Corinne Attia

 

Nous avons eu la chance, le jeudi 7 juin dernier de recevoir Benjamin Cortasse. Après plusieurs DU en implantologie, expertise maxillo-faciale et biomatériaux, il s’est imposé en tant que conférencier dans le monde de la chirurgie plastique parodontale et implantologie esthétique. Il a approfondi particulièrement les techniques de microchirurgie.

 

Cette conférence avait pour thème de nous faire découvrir deux techniques différentes de chirurgie plastique parodontale : le tunnel et le lambeau bilaminaire. Avec un taux de recouvrement de 97% que l’on peut espérer grâce à l’utilisation de ces techniques et des résultats esthétiques similaires, la question se pose alors des indications.

 

Nos traitements chirurgicaux et prothétiques sont analysés, discutés et planifiés grâce à l’utilisation du Digital Smile Design. Il permet d’assurer la prévisibilité du résultat final grâce à l’analyse statique et dynamique du patient avec des photos extra et intra orales, des vidéos et une méthodologie numérique adaptée à chaque patient. Ce protocole permet de déterminer le pink esthetic score, le white esthetic score ainsi que l’analyse esthétique de la zone de transition qui nous intéresse particulièrement dans les traitements de chirurgie plastique parodontale.

 

Le brillant conférencier nous a énoncé les indications qu’il avait mises en évidence par les nombreux cas cliniques qu’il a réalisés. Une tunnelisation sera plutôt choisie dans des cas de récession où la papille est longue et étroite avec une récession inférieure à 4mm, ainsi que des traitements allant jusqu’à 4 dents présentant des récessions. La technique bilaminaire sera, elle, plus utilisée dans des cas de récessions multiples, importantes mais techniquement plus accessible lorsque la gencive attachée est en quantité suffisante (> 2mm).

 

La réussite de nos traitements chirurgicaux repose principalement sur une chirurgie la plus atraumatique possible. Cela nécessite l’utilisation d’un matériel spécifique.

- Des aides optiques (jusqu’à X6) avec lumière adaptée, qui d’après les études de Burkhardt révèlent une réelle différence face à des actes chirurgicaux réalisés sans. L’assistante peut elle aussi bénéficier d’aide optique (2,5) pour optimiser ses mouvements à notre acte.

- Des lames précises et adaptées à nos incisions (dont les tracés sont bien définis en fonction des récessions), de la 15C à la Viper. Cette dernière est l’une des plus petite lame du marché avec une tête de 2,5 mm de long pour 1,5mm de large. Elle est dotée d’une partie sécante dans la partie arrière de la zone affûtée qui lui permet d’être utilisée aussi bien en poussée qu’en traction assurant ainsi une plus grande maîtrise du geste. Ces lames triangulaires permettent d’atteindre des espaces réduits sans traumatiser les tissus environnants.

- Les sutures ont également une importance capitale pour bien plaquer et maintenir les greffons en place.

 

- Le prélèvement de greffon peut se faire au palais ou en rétro tubérositaire. Le prélèvement palatin profond par mono incision est plus simple à réaliser et permet l’obtention d’un greffon d’une grande étendue mais il présente une fonte plus ou moins importante. Le prélèvement rétro tubérositaire quant à lui, permet un volume, une qualité et une stabilité du greffon importants mais l’accessibilité est plus limitée. La technique présentée par les équipes italiennes propose de réaliser un prélèvement épithélio conjonctif de 1,5mm, qui sera desépithélialisé à la lame sur la table opératoire. Cette technique permet d’obtenir un bandeau homogène de lamina propria de grande qualité.

 

Les astuces de Benjamin pour les prélèvements :

- le décollement du palais se réalisera à la lame pour permettre de laisser le périoste en place et de limiter le risque de nécrose palatine ;

- regarder par l’extérieur pour réaliser les incisions, afin d’éviter toute déchirure ;

- inciser de distal en mésial pour éviter d’être gêné par les éventuels saignements ;

- favoriser si possible la technique de Bruno en réalisant des incisions en marche pour permettre une cicatrisation palatine de première intention ;

- la desépithélialisation est réalisée à la lame plutôt qu’à la fraise ;

- si l’épithélium n’est pas entièrement retiré, la surface du greffon apparaît mate alors que s’il l’est suffisamment, la surface parait brillante.

 

Les astuces pour la préparation du site receveur :

- limiter au maximum les tensions au niveau de notre site chirurgical ;

-desépithélialiser les papilles avec une lame et les découper avec des ciseaux pour une meilleure précision et pour éviter de léser l’émail ;

- rincer notre site receveur avec un contre angle irrigué au sérum physiologique pour éliminer les micro caillots et favoriser la revascularisation de notre greffon ;

- préparer les racines avec de l’EDTA (prefgel) ;

- utiliser la technique et le fil de sutures de 6/0 ou 7/0 spécifique à la technique utilisée.

 

Enfin notre conférencier nous a démontré à quel point les techniques de microchirurgie peuvent révolutionner nos actes, permettant de prédire et obtenir des résultats stables et esthétiques.

Précision et anticipation sont au cœur de son travail et lui permettent d’avoir des résultats cliniques impressionnants. Ces 2 points clés sont à mettre en priorité au quotidien pour obtenir un travail de qualité.

 

Pour conclure un grand merci à tous nos sponsors (PFOC, IDI, KURARAY, APPRODENT, DENTAL ONE, SDM DENTALL PROJECT) ainsi qu’à notre traiteur que nous testons pour la première fois « Le Vôtre ».

 

Compte-rendu de Marc Gaudin, étudiant en 5ème année (Lyon)