La péri-implantite, toute la presse en parle !

Une conférence AO Paris avec Corinne LALLAM et Jacques BESSADES, Jeudi 11 Janvier 2018


Encore une belle soirée, le 11 janvier avec Corinne Lallam et Jacques Bessade sur un sujet brulant : les péri implantites ! Plus de 100 participants, se sont retrouvés avec toujours autant de plaisir pour ces conférences passionnantes.

Les deux intervenants ont pris la parole à tour de rôle. Corinne Lallam a d’abord posé les bases du diagnostic de la péri-implantite et a insisté sur sa prévalence, particulièrement élevée. Puis, elle a présenté les facteurs de risque locaux particulièrement essentiels que représentent le biofilm et la maladie parodontale qui, lorsqu’elle existe, est une circonstance aggravante particulièrement importante dans le déclenchement de la péri-implantite.
Puis, Jacques Bessade a listé les multiples facteurs de risque systémiques, en particulier le tabac, le diabète et le contexte inflammatoire chronique planétaire tel que le décrit l’OMS depuis 2003 : « L’évolution des habitudes alimentaires, la baisse des dépenses d’énergie, auxquelles s’ajoutent un mode de vie sédentaire, une population vieillissante – plus le tabac et l’alcool – sont les principaux facteurs de risque responsables des maladies inflammatoires chroniques et posent un problème de santé publique de plus en plus grave. »

Les modes alimentaires, comme ceux des cultures agricoles, ont également évolués, en parallèle au développement de la péri-implantite. Sédentarité et obésité concourent à cet état inflammatoire global. C’est ainsi que l’Institut de veille sanitaire a indiqué, en 2012, que 80 % des Français étaient touchés par un déficit de vitamine D, amenant l’Académie de Médecine à conseiller le doublement des doses prescrites jusqu’alors. L’immense majorité des patients est donc en carence chronique, influençant négativement le métabolisme osseux. Il en est de même pour le magnésium et ces deux molécules devraient être systématiquement prescrites après 60 ans. Des doses élevées de cholestérol ont également été retrouvées chez des patients présentant des péri-implantites.

 

Recommandations VIT D3

Chez les patients + 60 ans, diabétiques, hypertendus, en échec implant, si reprise chirurgicale, si greffe osseuse :

  • peu / pas d’exposition solaire, ostéoporose avéré
  • hyper (para)thyroïdie, ménopause précoce, addictions,
  • cancer du sein ou de la prostate, femme enceinte devant accoucher en hiver (médicaments -inducteurs d’ostéoporose)

Prescriptions

  • 25 OH vitamine D = D2 + D3 ≥ 30 ng / ml
  • 1 ampoule d’Uvédose par mois pendant 6 mois, d’octobre à avril inclus

Circonstances aggravantes

  •  Peau noire / temps d’exposition x 5-10
  • Fumeurs / inhibition de la sécrétion de vit D
  • Obésité / vit D capturée dans les adipocytes
  • Dépression / déficit vit D diminue l’activité neuronale
  • Diabète / déficit vit D inhibe la sécrétion d’insuline

Recommandations cholestérol

Chez les patients + 60 ans, diabétiques, hypertendus, échec implant, reprise, greffe osseuse, avant une intervention lourde

Prescriptions : dosage cholestérol total + LDL + HDL < 1,8 g/l

 

Les défauts de réalisation prothétique ont également été présentés comme pouvant aggraver un contexte initialement défavorable :

  • contamination intra-implantaire,
  • défaut d’adaptation du pilier,
  • défaut d’étanchéité pilier-implant (30-135 μm),
  • défaut de serrage de la vis de pilier,
  • défaut d’adaptation de la prothèse,
  • défaut de conception prothétique (surcontour)/ accès maintenance,
  • situation du joint pilier-prothèse.

Les recommandations suivantes ont été soulignées :

  • désinfection intra-implantaire systématique,
  • décontamination des piliers et vis de prothèse,
  • radiographie de contrôle lors de l’empreinte et lors de la pose,
  • privilégier les connexions internes coniques type cône morse/ connexions à plat,
  • privilégier les limites prothétiques supra-gingivales,
  • privilégier les implants Tissue Level,
  • l’assemblage implanto-prothétique nécessite un protocole d’asepsie standardisé universel,
  • l’obturation du puits d’accès doit être étanche / gutta foulée ou Téflon / coton + composite,
  • la limite cervicale prothétique doit être juxta-gingivale,
  • la cicatrisation gingivale ne doit pas être inférieure à 4 semaines,
  • les ciments à base d’oxyde de Zn ou oxyphosphate doivent être privilégiés / ciments colle, résineux uréthane CVI diméthacrylate à proscrire,
  • l’emploi de piliers CFAO doit être privilégié.

Le protocole opératoire du traitement des péri-implantites a été décrit par Corinne Lallam et un arbre décisionnel a été proposé pour simplifier la prise en charge des patients concernés. Enfin, maintenance personnelle et professionnelle ont été décrites en détail par J. Bessade. « Le traitement implanto-prothétique commence à partir de la pose de la prothèse. Les maintenances quotidienne perso et professionnelle régulière conditionnent le succès à long terme de nos travaux ». (Giovanolli 2016)

 

Les recommandations suivantes ont conclu cette présentation :

  •  l’influence de l’état de santé général, au fil de la vie, sur celles des tissus péri-implantaires doit être connue des patients ;
  • le consentement éclairé implantaire doit intégrer ces informations, de même qu’il doit indiquer le rythme de contrôle annuel d’au moins 2 vérifications, avec élimination physico-chimique du biofilm, contrôle radiographique et de l’occlusion ;
  • il faut également y inclure la nécessité de supplémenter en vit D et Mg systématiquement après 65 ans, et de contrôler son cholestérol et sa glycémie ;
  • enfin, le matériel spécifique d’HBDI doit être indiqué (Listérine®, WaterPik traveler® WP 450, embouts spécifiques, brossettes type Inava Trio Compact®).

 La prise en charge la plus efficace de la pré-implantite reste sa prévention. Optimiser la prévention de la péri-implantite implique :

  •  actualiser régulièrement l’état de santé du patient ;
  • supplémenter Vitamine D, Magnésium et autres nutriments ;
  • prendre en charge la maladie parodontale avant toute pose d’implant ;
  • privilégier les implants à col lisse, connexion cône morse, Tissue Level chez les patients à risque ;
  • optimiser l’HBDI quotidienne en prescrivant Water Pik® + embouts implants ;
  • conseiller les irrigations quotidiennes à la Listérine® ;
  • établir un programme d’entretien personnel quotidien individualisé ;
  • mettre en place un planning de contrôles sur mesure / profil médical ;
  • créer un environnement muqueux kératinisé et fixe autour de chaque implant ;
  • désinfecter l’intérieur de l’implant et les suprastructures prothétiques et les vis avant la pose ;
  • privilégier les limites juxta ou supra-gingivales ;
  • anticiper l’accessibilité à la maintenance ;
  • combiner les techniques pour maximiser le résultat ;
  • détoxifier la surface du titane si elle est exposée.

Un grand merci à ces deux conférenciers qui ont su captiver l’auditoire du début à la fin !

 


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