Le succès en implantologie : et si tout se passaitau moment de l’extraction

Conférence de Julien Biton pour AO Paris Jeunes - 18/03/2025

Compte-rendu de :


AO News #74 - juin 2025

 A l’occasion de notre dernière conférence Alpha Oméga Paris Jeunes, qui s'est tenue le mardi 18 mars 2025, nous avons eu le privilège d’accueillir le Dr Julien Biton dans les locaux de Garancière.

Julien Biton, omnipraticien orienté en parodontologie et Implantologie, et rédacteur en chef adjoint d’Alpha Oméga News, nous a parlé de la thématique : Le succès en implantologie : et si tout se passait au moment de l’extraction ? Il a abordé comment anticiper l’implantation dès l’extraction pour éviter des greffes complexes, et a détaillé les stratégies et protocoles à mettre en place permettant de simplifier et d’accélérer les traitements tout en garantissant des résultats fiables et durables. Il a partagé son expertise avec plus de 80 étudiants venus assister à sa présentation.

 

Sa conférence s’est articulée autour de plusieurs études et de cas cliniques, permettant aux participants de découvrir une approche détaillée et accessible des techniques d’extraction et de pose d'implants qu’il utilise pour garantir le succès de ses interventions. Pour Julien, le premier mot d'ordre est simple : savoir gérer 9 cas sur 10. Une approche pragmatique qui met l’accent sur la compréhension et la gestion des facteurs influençant la cicatrisation et la pose d'implants, immédiate ou différée.

 

Dès le début, notre conférencier a souligné l’importance de comprendre quand il faut extraire ou non, et quel est le bon moment pour poser un implant. Mais il a surtout insisté sur la nécessité de comprendre et de maîtriser la biologie du patient, bien choisir ses biomatériaux et le système implantaire adapté. Selon lui, la réussite de l’implantologie commence dès l'extraction, et une bonne planification est cruciale pour garantir des résultats optimaux avec le plus important une bonne communication avec le patient. Il aime pouvoir proposer à ses patients un tout à la fois (« All-in-one »), de pouvoir gérer la phase chirurgicale en un seul temps, une seule chirurgie, une seule anesthésie, une seule phase cicatricielle...

 

Il a dans un premier temps expliqué qu’il y avait plusieurs objectifs lors du déroulement de l’extraction. Celle-ci s’anticipe, la perte une table vestibulaire, une communication bucco sinusienne à gérer, il faudra cureter minutieusement, rincer, faire des sutures, combler l’alvéole, utiliser ou non une membrane.

 

Un de ses points important était l'équilibre biologique : patient, biomatériau, prescription, type d’implant, c’est un tout qui fait que l’on peut arriver à un résultat satisfaisant.

 

Une greffe ou un implant ne cicatrisent pas : un patient oui !

 

Alors il encourage les étudiants à lire, à pratiquer, à observer des confrères, à lire la littérature sur le sujet, à poser et se poser des questions. Alors comment bien travailler ? En respectant la biologie, en connaissant ses biomatériaux et en partant du principe que tout se passe au moment de l’avulsion. Lorsqu'une dent est extraite, il est recommandé d'attendre environ 3 mois avant de poser un implant. Cette période permet de laisser le temps aux tissus et à l'os de cicatriser. L’os subit une résorption après l'extraction, ce qui peut entraîner une perte de volume.

 

Ce que l’on sait sur l’os autour des dents c’est qu’on va perdre systématiquement le Bundle bone qui représente 0,1-0,4mm d’épaisseur. Sur une incisive centrale supérieure c’est souvent la totalité de la table vestibulaire qui est donc condamnée. Il a ajouté que la vascularisation qui nourrit l’os et la gencive provient du ligament parodontal, de l’os trabéculaire et du tissu gingival. D'où l'importance de ne pas laisser les zones extraites sans traitement, car cela entraînerait une résorption osseuse rapide et un risque accru de complications. La préservation alvéolaire est donc presque indispensable pour limiter le recours à une augmentation osseuse complémentaire lors de la pose de l’implant, a-t-il précisé.

 

La temporisation et la gestion des tissus mous

 

La temporisation, et donc attendre avant l’implantation, peut être une bonne solution dans certains cas, mais cela dépend de la situation clinique. En revanche, la gestion des tissus mous reste un aspect essentiel dans la réussite de la procédure, en particulier en cas de perte osseuse importante.

 

Les biomatériaux : comment choisir?

 

Le choix des biomatériaux joue également un rôle fondamental dans la réussite de l’implantologie. La xénogreffe d’origine bovine est couramment utilisée en raison de ses bonnes caractéristiques biologiques et de son recul scientifique. Le Dr Biton préfère utiliser de l’os porcin pour ses similitudes de structure avec l’os humain. Il a toutefois mis en garde contre les risques liés aux extractions multiples qui entraînent une perte de volume osseux majorée comparativement à une extraction simple.

Le choix du biomatériau est essentiel pour obtenir de bons résultats. Tous marchent mais ne se valent pas ! Les matériaux autogènes se résorbent plus rapidement, tandis que les allogreffes ont une meilleure résistance et une résorption plus lente. Les xénogreffes mettent également plus de temps à cicatriser. L’utilisation du PRF (Plasma Rich in Fibrin) a aussi fait ses preuves en raison de ses facteurs de croissance et de ses propriétés anti-inflammatoires. Cela permet non seulement de réduire la douleur postopératoire mais aussi d'accélérer la cicatrisation des tissus mous. Le PRF peut être utilisé pour combler les alvéoles et favoriser une meilleure régénération osseuse. Certains des arguments clé pour son utilisation lors de l’extraction : pas cher, facile à utiliser, riche en facteur de croissance, accélérateur de l’angiogenèse, stimulation des ostéoblastes, anti-inflammatoires, analgésique.

 

Enfin, le sinus lift est parfois inévitable, en particulier dans le maxillaire postérieur. Cependant, selon le Dr Biton, il est possible de poser un implant de 8 à 10 mm sans sinus lift si la perte osseuse est modérée, entre 4 et 6 mm avec la technique de « Summers ».

 

La préservation alvéolaire

 

La préservation alvéolaire est une technique qui permet de réduire la perte de volume osseux après une extraction. Cela diminue le besoin de réaliser une augmentation osseuse complémentaire au moment de la pose de l'implant. Il a expliqué que dans 9 cas sur 10, si l’alvéole est comblée correctement après l’extraction, l’implant peut être posé directement, ce qui réduit considérablement le temps de traitement et améliore les résultats. À l'inverse, dans 8 cas sur 10 sans comblement, l'implantation immédiate devient moins viable. Ce que je sais, c’est qu’à la suite de l’extraction au et moment de l’implantation, je veux une chirurgie simple et reproductible, sans post-opératoire. On veut poser l’implant rapidement maximum 3 mois après. Et j’ai envie d’avoir de l’os à la réouverture. Il est donc important de mettre toutes les chances de son côté : un bon patient, un biomatériau peu inflammatoire, un implant performant (géométrie et état de surface), un bon protocole, une suture efficace et une bonne prescription.

 

Certaines techniques permettent une extraction et implantation immédiate avec de bons résultats. On peut procéder ainsi dans 9 cas sur 10 si les conditions sont favorables. Cela permet d’éviter une perte de volume osseux significative et d’accélérer le processus de cicatrisation.

 

Dans les facteurs influençant la cicatrisation, le premier est d’avoir un patient qui vous écoute, qui fait attention à son hygiène de vie et qui respecte scrupuleusement les conseils post-opératoires. Plusieurs facteurs influencent la cicatrisation des tissus après une extraction, comme le tabac, le diabète, les allergies, et la parodontite non stabilisée. Ces facteurs peuvent compromettre la cicatrisation et doivent être pris en compte avant d’engager toute procédure chirurgicale. Par exemple, les patients fumeurs ou diabétiques présentent des problèmes de cicatrisation et des risques accrus d’échecs.

 

Le cholestérol et la vitamine D jouent également un rôle clé dans la guérison, il a recommandé en particulier la vitamine D. Une supplémentation en vitamine D est donc encouragée, ainsi qu'un test préalable avant la chirurgie.

 

L'importance (modérée) de la stabilité primaire

 

La stabilité primaire de l'implant est un facteur clé pour une intégration réussie, mais elle n’est pas cruciale si l’implant n’est pas mis en charge immédiatement. Il est essentiel de choisir un système implantaire adapté à la situation clinique. Lorsque l’on pose dans un os cicatrisé un implant enfoui peu importe le torque, s’il est faible il traumatisera moins l’os. Si l’on veut faire une mise en esthétique immédiate il faut avoir 35N.cm minimum.

 

L’importance (cruciale) du suivi et de la gestion des échecs

 

Un suivi rigoureux est crucial. Il est essentiel de revoir les patients régulièrement et de comprendre les raisons des échecs pour ajuster les traitements. Il est également primordial de savoir réagir et prendre en charge ses échecs.

 

Pour conclure, l'implantologie est une discipline complexe qui nécessite une attention particulière à chaque détail, depuis la planification, en passant par la sélection du biomatériau et la gestion des tissus mous. Une bonne prise en charge des facteurs influençant la cicatrisation et une planification soignée sont essentielles pour assurer le succès de l’implantation. Enfin, il est important de suivre rigoureusement les patients et de ne pas hésiter à ajuster les protocoles en fonction des résultats observés.

Pour terminer toujours se demander avant l’extraction : est-ce que le « All-In-One » est possible 

La conférence s’est terminée par un moment de questions/réponses avec le conférencier.