Les lauréats 2020 du prix AO / Jacques Breillat

A propos

Depuis bientôt 30 années, nous remettons, et nous célébrons la remise du prix Alpha Omega de la meilleure thèse qui est associée au nom de Jacques Breillat. Près de 150 lauréats ont été récompensés pour la qualité de leur thèse de doctorat. L’excellence de leurs travaux valait déjà la mention Très honorable et les félicitations de leur jury. Cette thèse de doctorat a vu le jour dans les années 70, à la suite de la création des facultés d’odontologie (16). Parallèlement pour les plus entreprenants d’entre nous, un 3ème cycle offrait le titre de docteur en sciences odontologiques, ouvrant les portes de l’enseignement universitaire.

 Ce fut le chemin que je décidais de prendre. Maigre était mon capital clinique et scientifique, grande était mon impatience et ma curiosité. Pour l’époque, Garancière avait une réputation et un esprit de corps. Montrouge, elle, était à ses balbutiements. La rivalité trouvait sa raison d’être. Deux disciplines faisaient le hitparade des formations continues et autres congrès : la parodontologie et l’endodontie. Les professeurs Barel, Hirsh, Pougatch, Brion, Dargent, plus loin Klewansky, Tenenbaum et encore plus loin Walter Cohen et les facultés de Philadelphie ou Boston étaient au firmament de la paro. Pour l’endodontie, le démarrage des conférences fut plus timide, bien que déjà passionné. Marmasse était le père fondateur, un quasi totem. Quelques têtes dépassaient et l’impertinence à peine admise. Mais à Boston, un certain Herbert Shilder venait rompre la monotonie d’une discipline pourtant déjà basée sur tous les fondamentaux scientifiques. Par ses 3 articles basés sur le cleaning and shapping, il balaya l’empirisme clinique. Chez nous, très vite des noms s’imposaient : Jean Paul Albou, Pierre Machtou, Jacques Breillat ainsi que Jean Marie Laurichesse ou Eric Laurent furent les acteurs des changements de paradigmes dans leur discipline naissante.

Au départ à Montrouge, la discipline phare fut la prothèse, portée par le maître Raymond Leibovitch et sa team, Samama, Knelessen, Perelmuter, Bugugnani, Degrange… Une effervescence scientifique doublée d’une amitié animait ces brillants enseignants. Ils étaient l’Everest à nos yeux.

Quant à Garancière, nous n’étions pas en reste ! L’amitié entre confrères et collègues furent le ciment du trio Albou – Breillat – Machtou. Nous gravitions autour d’eux... Jacques Breillat diplômé de Bordeaux était l’ainé. Il venait faire ses premières armes d’assistant place St Sulpice dans une totale discrétion, qui cachait l’entière étendue de son savoir. S’en suivit en 1976 un voyage professionnel, le tour des facultés de New York, Philadelphie, Boston. Un échange de savoir France / USA me permit alors de faire sa connaissance, une révélation ! Pétri de modestie, gonflé de connaissances médicales et scientifiques sans limite, il forçait l’admiration et le respect. Tout son savoir était étayé, argumenté. A notre retour de Boston, il m’encouragea à quitter le service de paro pour rejoindre son service d’endodontie.

Parce que c’était lui, parce que c’était moi (reconnaissance que portait Michel Montaigne au poète Etienne de la Boétie). Durant 7 années d’assistanat, il fut mon référent, mon maître, mon ami. Il n’était pas avare de conseils parce que la transmission était son crédo. Comme d’autres de mes amis et confrères, Danan, Missika, Picard, je décidais de rejoindre une société de formation continue. Alpha Omega Paris (crée en 1965) réunissait tous les ingrédients de la recherche de l’excellence et son accomplissement dans la fraternité. Jacques Breillat rejoignit notre fraternité très vite. Même s’il ne partageait pas notre croyance, il partageait la part d’humanisme, de convivialité, de tolérance contenue dans notre triangle symbolique. Il fut un compagnon fidèle de toutes nos manifestations scientifiques et philanthropiques. Un membre actif et impliqué.

Avec une certaine clairvoyance et une prémonition qui le caractérisait, nous dessinions sans y croire le projet d’un prix de thèse pour nos étudiants. Il faut profiter de cette thèse de doctorat pour que l’étudiant se projette dans l’excellence aimait il à me répéter. Tout chemin peut mener à un sommet.

Plus tard, il fut l’éminence scientifique du laboratoire Pierre Rolland (Actéon) où il rencontra son clairvoyant PDG d’alors Gilles Pierson. Mais brusquement en novembre 1989 il tira sa révérence. Lors de son incinération, il portait au revers de son veston le pin’s Alpha Omega me confia son épouse Marie Michèle...

L’émotion fut grande pour tout le corps enseignant des facultés parisiennes et la grande famille d’AO Paris. Dès l’année suivante, grâce à la confiance et au concours de Pierre Rolland je créais le prix AO / Jacques Breillat qui symbolisait l’excellence et la fraternité. Pendant 25 ans, avec Pierre Rolland devenu Actéon, ce prix a permis d’avoir un retentissement national dans toutes les facultés dentaires. Labocast, avec son dynamique président Grégory Scialom a ensuite repris le flambeau avant d’accueillir à partir de cette année un nouveau partenaire, le groupe Visiodent grâce auquel les futurs lauréats se partageront 4000 €.

Dans cette édition, vous retrouverez pour une fois, au lieu de notre rubrique habituelle, tous les résumés de thèse des lauréats 2020. Il était temps de se retourner pour mesurer le chemin parcouru... Gilles Pierson, Grégory Scialom, Morgan Ohnona partagent tolérance, humanisme, excellence, convivialité et fraternité…

Ce qu’était Jacques, un symbole.

André Sebbag


Ils se souviennent de Jacques Breillat

Ils ont eu le prix