Dossier : Pratiques en parodontologie : notre enquête - AO#39 - Déc 2020



Plus maintenant. Il y a une utilité cependant pour se donner bonne conscience et vérifier l’efficacité d’une thérapeutique non-chirurgicale sur une parodontite avancée dans l’éradication des bactéries parodonto-pathogènes, avant traitement orthodontique. L’étio-pathogénie de la maladie parodontale est complexe et on s’éloigne du rôle déterminant des périodonto-pathogènes pour une immuno dérégulation ou persistance de l’inflammation due à une dysbiose de l’environnement microbien. (Hajishengallis G. Immunomicrobial pathogenesis of periodontitis : keystones, pathobionts, and host response). (Trends Immunol. 2014 Jan ; 35 (1) : 3-11. doi : 10.1016 / j. it.2013.09.001. Epub 2013 Oct 23. Review).


Pas de prélèvements bactériens.


J’ai utilisé les sondes ADN dans de rares cas de parodontites réfractaires aux traitements conventionnels.


NON. Je pense que les populations bactériennes sont plus des témoins écologiques d’une lésion que des réels indicateurs du type ou du degré d’activité d’une maladie parodontale, même avec la nouvelle classification. Pour preuve, le complexe rouge est retrouvé quasi-systématiquement dans les lésions profondes, quel que soit le type de parodontite.


Je fais des prélèvements bactériens de façon exceptionnelle. À ma connaissance, il y a plus de possibilité de culture comme avec Laboral® ou Guidor ® (sonde ADN) en intégrant bien les limites de ces techniques. Le grand plus sera le jour où un test au fauteuil nous permettra, à peu de frais, de savoir les bactéries présentes, et surtout l’antibiogramme car il y a une différence entre une antibiothérapie ciblée et une antibiothérapie probabiliste.


Je ne fais pas de prélèvements bactériens car ils ne modifient pas mon protocole de traitement basé sur l’examen clinique (indices de plaque, indice gingival, relevé des poches et des pertes d’attache) et radiographique (bilan rétro-alvéolaire) qui permettront d’établir un diagnostic précis, à partir duquel un plan de traitement pourra être établi. En fonction du degré d’évolutivité de la maladie et du tableau clinique (forme chronique ou agressive), un traitement antibiotique pourra être associé, ou non, au traitement mécanique. En outre, ces tests ne sont pas fiables à 100 %, avec le risque de présenter des faux négatifs. La nature du traitement antibiotique qui pourra être prescrit en cas de forme agressive est basée sur la littérature dont nous disposons. L’identification des complexes bactériens a un intérêt académique et est systématique dans le cadre d’un enseignement universitaire de 3e cycle. Les prélèvements peuvent avoir un intérêt occasionnel après traitement pour vérifier son efficacité, en particulier, si une réhabilitation implantaire est prévue. Dans le cadre précité, les cultures sont préférées car elles donnent des informations quantitatives, ce qui n’est pas le cas des sondes ADN, plus sensibles, mais non quantitatives.


Seulement dans certains cas lorsqu’on suspecte une flore « agressive » : d’évolution rapide, pour des patients
jeunes. En privilégiant plutôt les sondes ADN.


Très occasionnellement


L’étiologie bactérienne des maladies parodontales est bien établie et l’inflammation traduit la présence de parodontopathogènes. Les parodontites sont des maladies infectieuses à polyinfection bactérienne par différentes souches parodontopahtogènes. Les bactéries responsables de la parodontite varient d’une

forme clinique à l’autre. Les travaux de Socransky et Haffajee ont permis de montrer une organisation des bactéries parodontopathogenes sous forme de complexes. Le complexe rouge est le plus pathogène. Il comprend Porphyromonas Gingivalis

(Pg), Treponeme Denticola (Td) et Tanerella Forsythensis (Tf). Aggregatibacter actinomycetemcomitans est hors complexe. (Socransky, Haffajee. Microbial complexes in subgingival plaque. SOCRANSKY, Haffajee. J Clin Periodontol. 1998 Feb ; 25 (2) : 134-44.). Les tests microbiologiques peuvent être utiles pour aider au diagnostic, établir un pronostic, vérifier l’efficacité d’un traitement, permettre d’indiquer l’utilisation d’une antibiothérapie et en fonction de la nature du test permettre de choisir la molécule antibiotique la plus appropriée (Sixou M. Diagnostic testing as a supportive measure of treatment strategy. Oral Dis. 2003 ; 9 Suppl 1:54-62). Le test microbien n’est utile que si les informations fournies aident directement à élaborer le plan de traitement. Certaines parodontites peuvent faire l’objet d’un test microbien, afin de décider si une antibiothérapie est nécessaire. Les tests microbiologiques vont essentiellement viser à retrouver le complexe rouge, signature des parodontites les plus virulentes. (Van Winkelhoff AJ, Winkel EG. Microbiological diagnostics in periodontics : biological significance and clinical validity. Periodontol 2000. 2005 ; 39 : 40-52). La culture bactérienne consiste en une mise en culture des bactéries prélevées sur une gélose. Le Problème est le transport car il faut que celui soit rapide et que le conditionnement conserve les bactéries. Seules les bactéries vivantes et en grande quantité dans l’échantillon sont détectées. La culture ne permet pas d’amplification et donc ne permet pas de détecter la présence de bactéries en faible quantité. Il est néanmoins possible de réaliser un antibiogramme. La PCR (Polymerase Chain réaction) consiste en l’utilisation de sondes ADN qui viennent se fixer sur un des brins ADN de la bactérie. L’inconvénient majeur est qu’on ne trouve que ce que l’on cherche mais permet de réaliser une amplification et donc de détecter des bactéries en petite quantité mais aussi des bactéries mortes. L’avantage de ces tests PCR est qu’ils sont rapides et peu onéreux. Aujourd’hui dans nos activités l’utilisation des prélèvements bactériens de type sonde ADN se fait essentiellement pour des formes atypiques de parodontites ou lorsque nous n’avons pas une réponse clinique satisfaisante et c’est donc une des pistes que nous explorons  pour comprendre la mauvaise réponse de l’hôte.


On peut dire très rarement. Le profil bactérien des différents tableaux cliniques a été largement documenté dans la littérature. Nos thérapeutiques parodontales sont donc plutôt adaptées en fonction du diagnostic qui a été établi à partir de l’analyse de l’ensemble des examens clinique, radiologique et parodontal.


En résumé : les prélèvements bactériens sont d’un intérêt très limité notamment pour les parodontites de classe I et II dans la mesure où les traitements conventionnels, chirurgicaux ou non chirurgicaux, donnent des résultats très satisfaisants sans antibiothérapie. Pour les stades II et IV il convient d’apprécier le contexte général et d’entreprendre les traitements. Pour ces cas si la thérapeutique initiale ne donne pas les résultats espérés malgré une parfaite coopération du patient ces tests bactériens peuvent être éventuellement utiles, en particulier ceux faisant appel aux sondes ADN. Il n’en demeure pas moins qu’à partir du moment où l’on ne peut obtenir un antibiogramme associé à chaque prélèvement, l’intérêt demeure très aléatoire.