Comme l’a rappelé le président Jean Valcarcel, doyen de la Faculté de Montpellier, lors de la cérémonie de remise du prix le vendredi soir de l’ADF, « la difficulté pour le jury est de plus en plus importante pour désigner des lauréats tant l’originalité dans la qualité et la richesse des approches professionnelles étaient au rendez-vous. Ce défi qualitatif nous impose d’évoluer et doit nous amener à réfléchir à mettre en place de nouveaux critères de sélection. La tâche est donc ardue et passionnante face à ce constat encourageant qui met à l’honneur l’investissement grandissant des candidats et de leurs directeurs de thèses et fait transparaître le très bon niveau académique exigé. Au-delà, il atteste de la force de notre discipline et de la nécessité de continuer à travailler de concert à tous les niveaux de la formation. Il est donc important de remercier tous les candidats, les directeurs de thèses, les facultés, qui ont participés ».
13 thèses ont été retenues pour participer à la finale de ce prix. Les travaux sélectionnés (4 en recherche, 6 en bibliographie et 3 en culturel/intérêt général) ont été présentés oralement par leurs auteurs durant 10 minutes, devant un jury pluridisciplinaire composé de personnalités représentant les disciplines abordées dans les travaux retenus.
Sous la présidence de Jean Valcacel, ce jury réunissait cette année
- Dominique Deville de Périère (immunologie-biologie),
- Didier Griffiths (ergonomie-environnement professionnel),
- Patrick Simonet (prothèse-implantologie),
- Franck Decup (endodontie-restauratrice),
- Sara Laurencin (parodontologie)
- Caroline Delfosse (odontologie pédiatrique)
- et Gérard Aboudharam, directeur de thèse du lauréat 2018.
A l’issue de la délibération du jury, quatre thèses ont été retenues comme étant celles qui répondaient le mieux aux critères requis.
Dans la catégorie « Culture et Intérêt général » le jury a attribué le prix à Ines Meisels (Strasbourg) pour son travail (sous la direction de Damien Offner) sur la dentisterie au travers des Youtubers et son influence sur l’internaute-patients, qui à l’heure de l’intelligence artificielle, à l’heure des perspectives d’avenir de notre profession montre combien l’information en santé plus ou bien manipulée est devenue une valeur marchande, une valeur refuge, voire une valeur spéculative.
Le Prix de la meilleure thèse bibliographique a été décerné à Sharon Krief (Marseille) pour son sujet Orthèses occlusales en France : évaluation des pratiques professionnelles, travail mené sous la direction de Marion Jeany et du professeur Jean-Daniel Orthlieb avec une étude nationale menée auprès de 395 chirurgiens-dentistes, avec la collaboration de 31 conseils départementaux de l’Ordre, pour évaluer leur pratique en matière d’orthèses. C’est le plus beau témoignage d’un travail réalisé de concert entre l’Université et l’Ordre pour aller chercher au plus près du praticien, dans son cabinet et son exercice, sa conception de l’occlusodontie et sa pratique auprès de ces patients. Ce travail montre aussi la complexité du choix thérapeutique en occlusodontie pour les praticiens.
Le 2e prix recherche est décerné à Claudine Khoury (Bordeaux) pour un travail de recherche sur la prévalence de la parodontite chez les patients avec polyarthrite rhumatoïde (sous la direction d’Elise Arrivé). Même si le lien entre parodontite et polyarthrite rhumatoïde est difficile à prouver absolument, l’intérêt de ce travail est de pointer l’importance de suivre les polyarthrites débutantes au niveau parodontales et atteste de l’importance diagnostique de l’odontologie dans toutes les pathologies dégénératives où sa place commence à être reconnue.
Enfin, le premier prix recherche a été attribué à Karima El Ouahabi (Strasbourg) sur l’hybridation dentinaire immédiate versus boue dentinaire : étude in vitro de la contamination bactérienne sous la direction d’Olivier Etienne. Travaux de recherche méticuleux et méthodique avec, pour hypothèse, la question du rôle protecteur de la boue dentinaire par rapport au scellement dentinaire immédiat face aux risques de contamination bactérienne montrant qu’il ne faut pas systématiser le scellement dentinaire immédiat avec une temporisation permettant de mener les traitements au cas par cas avec plus de sérénité. Ces travaux ont fait appel à de nombreuses techniques, de la microscopie électronique sous différentes formes à la culture bactérienne, témoignant d’un travail complet, éclectique et scientifiquement bien mené. L’heureuse lauréate aura la chance de présenter son travail dès l’année prochaine lors du Congrès AADR (American Association for Dental Research) du 18 au 21 mars prochain à Washington USA.
Rappelons que le prix est ouvert chaque année aux jeunes praticiens venant de soutenir leur thèse de doctorat d’exercice en chirurgie dentaire. Tous les doctorants peuvent donc déjà faire acte de candidature auprès de l’Association dentaire française pour le futur prix 2020 (tél : 01 58 22 17 19 - info@adf.asso.fr).