Le 21 novembre notre amie Catherine Chaussain et son équipe ont été récompensées pour leur projet :
« Les cellules souches de la pulpe dentaire pour réparer les os crânio-faciaux » par le Président de la Fondation des Gueules Cassées (FGC), le Général Hubert Chauchart du Mottay.
Depuis 2002, la FGC récompense des projets de recherche dans le domaine de la traumatologie crânio-maxillo-faciale. Décerné l’année dernière au professeur Jean- François Payen pour ses travaux sur les traumatismes crâniens, il a été cette année remis à l’équipe du laboratoire de recherche dédié aux pathologies, imagerie, et biothérapies oro-faciales à la Faculté de Chirurgie Dentaire de l’Université Paris Descartes. Sont distingués leurs travaux sur l’utilisation des cellules souches de la pulpe dentaire pour réparer les os de la face et du crâne. Ce Prix leur permettra de bénéficier d’une aide à la réalisation de leur projet de 50 000€.
Les travaux engagés depuis dix ans par l’équipe du Professeur Chaussain ont pour objectif de régénérer la dent ou l’os. Il s’agit de pouvoir réparer les lésions des os de la face et du crâne en implantant des cellules souches là où la matière manque. Pour cela, elle utilise les cellules mésenchymateuses issues de la pulpe dentaire, qui ne présentent pratiquement aucun risque de rejet. En effet, les cellules de la pulpe issues des dents et celles de la plupart des os de la face et du crâne ont une origine embryologique commune, ce qui explique l’intérêt de la pulpe dentaire pour réparer les os crânio-faciaux.
A terme, les applications thérapeutiques pourront concerner aussi bien les os que les cartilages ou la dentition, et ainsi bénéficier à des maladies chroniques ou rares (rachitismes génétiques, maladies des os de verre) induisant de grandes pertes osseuses… Cette technique à fort potentiel peut également inspirer des thérapies pour réparer les « gueules cassées », militaires blessés de guerre ou en OPEX, civils accidentés de la route ou des sports à risques…
L’équipe utilise des cellules souches pulpaires d’origine humaine ou animale, qu’elle ensemence dans du collagène, constituant principal de l’os ou de la dentine (partie sous l’émail). Après culture, le tissu reconstruit obtenu est utilisé pour combler une lésion osseuse du crâne. Les chercheurs étudient alors la manière dont les cellules souches participent à la réparation de la lésion et en particulier facilitent la repousse de nerfs et de vaisseaux dans le tissu reconstruit tout en activant la formation de minéral. Actuellement, l’équipe de Catherine Chaussain étudie le devenir des cellules souches pulpaires une fois implantées dans la lésion (meurent-elles ou survivent-elles ?) et cherche à améliorer le matériau utilisé comme support des cellules, qui doit être suffisamment rigide pour induire la formation d’os.
Catherine Chaussain se réjouit : « Depuis 8 années, nous avons la grande chance d’être accompagnés par la Fondation des « Gueules Cassées », qui a financé une part importante de nos travaux de recherche. Cela nous a notamment permis d’avoir accès à des approches et techniques de grande qualité, qui ont accéléré notre compréhension des mécanismes fondamentaux de la régénération. Beaucoup reste à faire cependant ! Ce prix apporte non seulement un soutien précieux à mon équipe mais il permet également de mettre en valeur le formidable travail qu’elle accomplit au quotidien. »
En 1921, trois hommes, Albert Jugon, Bienaimé Jourdain et le Colonel Picot ont fondé une association pour venir en aide à leurs camarades atrocement défigurés au cours de la première guerre mondiale. Ils choisissent de s'appeler « Les Gueules Cassées », terme rude et provocant pour le grand public mais affectueux pour eux-mêmes. Ils se dotent d’une devise porteuse de promesse et d’espérance « Sourire quand même ».
En Europe, au lendemain de la guerre, on comptait environ 6,5 millions d'invalides. L'emploi massif des tirs d'artillerie, les bombes, les grenades, les tranchées et leurs terribles corps à corps ont multiplié le nombre des blessés de la face et la gravité des blessures. Les progrès de l'asepsie et les balbutiements de la chirurgie réparatrice permettent de maintenir en vie des blessés qui n'avaient aucune chance de survivre lors des conflits du 19ème siècle….mais dans quel état ? Ces broyés de la guerre vont garder la vie, mais vivre un nouveau cauchemar.Les regards, y compris parfois, ceux de leur famille, se détournent sur le passage de ces hommes jeunes, atrocement défigurés. Ils ont honte de se montrer, ils ne savent où aller. Ils sont sans travail et rien n'a été prévu pour eux. Ni foyer entre deux opérations, la reconstruction du visage pouvant nécessiter plusieurs années, ni pension, car à cette époque la blessure au visage n'est pas considérée comme une infirmité et n'entraîne donc aucun droit à pension d'invalidité. En 1921 donc, à l'initiative de deux « grands mutilés», Bienaimé Jourdain et Albert Jugon, une quarantaine de soldats blessés au visage créent l'Union des Blessés de la Face, qu'ils surnomment les « Gueules Cassées « et en confient la présidence au Colonel Yves Picot. Ils eurent l’idée géniale, dans les années 30, de créer les fameux dixièmes de la Loterie Nationale afin de récolter des fonds pour ces blessés particuliers, puis furent en 1976 les promoteurs du LOTO en France.
Aujourd'hui, dans une totale fidélité à ses initiateurs, le combat s'est élargi à d'autres souffrances, à d'autres misères humaines (attentats). Et Les « Gueules Cassées » ont avec la Française des jeux des relations contractuelles et d’actionnariat.
L’Union des Blessés de la Face et de la Tête est aujourd’hui actionnaire de la Française des jeux, dont elle détient 9,23 % du capital, et est ainsi l’actionnaire privé le plus important. Elle perçoit des dividendes dont les montants fluctuent en fonction des résultats de la Française des jeux, qui sont liés au chiffre d’affaires des jeux mais aussi aux charges et provisions que la société est contrainte de constituer, ainsi que des prélèvements de l’Etat. Les « Gueules Cassées » sont attachés à leur position d’actionnaire de la Française des jeux, à laquelle ils apportent, dans le cadre de la politique raisonnée de développement des jeux, une caution sociale et morale, trop mal connue. La Fondation des « Gueules Cassées » a été reconnue d’utilité publique en 2001.
Elle a pour objet d’assurer le soutien aux institutions de toute nature s’intéressant en priorité aux traumatismes de la face et de la tête et à leurs séquelles, et pathologies s'accompagnant de séquelles fonctionnelles d'origine traumatique ou dégénérative. Comme toute fondation, elle tire ses ressources des produits financiers induits par sa dotation. L’UBFT, association fondatrice, lui a alloué une dotation de 50 millions d’euros.
Accompagnée par un Comité scientifique, présidé par le Professeur Jacques Philippon, membre de l’Académie de Médecine et de l’Académie de Chirurgie, la Fondation a soutenu à ce jour 472 dossiers de recherche dans le cadre de son appel à projets annuel (bourses d’étude et aides pour de l’équipement), et est mécène de 84 « grands projets » pour des équipements destinés à des établissements spécialisés dans la traumatologie crânio-maxillo-faciale et le traitement des séquelles. Le montant global du mécénat de la Fondation depuis 2002-2018 est de 17 millions d’€uros.