Service centré sur la personne dans les traitements dentaires pour les personnes handicapées

Dossier du mois de juin 2025 - Ao News #74 : Soins dentaires et handicaps

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1. Shalhav Malamud & Hadaasa Granot - AO
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Introduction

 

Environ 20 % des habitants en Israël sont des personnes handicapées (Commission d'égalité des droits pour les personnes handicapées, 2020), ce qui affecte leur fonctionnement et leur intégration dans l'espace social ainsi que dans de nombreux domaines de la vie tels que l'éducation, la famille et la participation dans la communauté. Sont inclus dans ces données toutes les variétés de handicaps : moteur, mental, sensoriel… Certains d'entre eux ont besoin de services adaptés à leurs besoins spécifiques, y compris des services de santé générale et dentaire. Conformément à la définition du modèle social du handicap (Shakespeare 2006), l'environnement doit s'adapter aux besoins des personnes handicapées afin que les limitations fonctionnelles ne deviennent pas un état de handicap.

 

Dans le passé et même aujourd'hui, la plupart des personnes handicapées se rendent dans des cliniques dentaires non spécialisées pour recevoir des traitements d'une équipe qui n'a pas été formée pour traiter les personnes handicapées et répondre à leurs spécificités et besoins uniques. En conséquence, un pourcentage élevé est orienté pour un traitement sous anesthésie générale dans un cadre hospitalier. Le traitement dentaire sous anesthésie générale pour chaque type de traitement entraîne des implications médicales supplémentaires ainsi qu'une mauvaise adaptation au traitement dentaire conventionnel. De plus, le temps d'attente pour recevoir un traitement dans un cadre hospitalier est long et provoque des souffrances et une détérioration de l'état dentaire.

 

Afin de permettre d’effectuer les traitements adaptés dans les cliniques dentaires privées, il est nécessaire de comprendre les caractéristiques des différentes incapacités, les enjeux spécifiques et les interventions adaptées. Les facultés dentaires et formations post universitaires offrent peu d'opportunité d’apprentissage aux étudiants, dentistes, hygiénistes dentaires et au personnel des cliniques dentaires. Dans les programmes de formation, à l'exception de la pédiatrie dentaire ou de la médecine buccale, cette importante question n'est pas du tout abordée. Cela accroît le manque de main-d'œuvre qualifiée ayant de l'expérience dans le traitement adapté des personnes handicapées. Reconnaissant ce besoin, la clinique dentaire de Beit Issie Shapiro a été fondée il y a 32 ans. Elle œuvre à la promotion et au développement des soins dentaires adaptés, accessibles, complets et de qualité en dehors du milieu hospitalier. Nous avons la conviction que les personnes handicapées méritent elles aussi de recevoir des services de santé de haute qualité comme tout autre patient. Cela est à la lumière des valeurs de la dignité humaine, de la liberté de choix et de l'égalité.

Cet article passera en revue les caractéristiques de la population qui vient recevoir des soins dans notre clinique, et pour laquelle une vaste expérience est indispensable. Bien que nous passions en revue différents diagnostics, nous considérons que le praticien doit se concentrer sur les caractéristiques spécifiques de chaque patient, en s’efforçant d’adapter le traitement à la personne elle-même et non seulement au diagnostic.

 

 

Troubles du spectre de l'autisme

 

Caractéristiques du handicap

 

Le trouble du spectre de l'autisme (TSA) est un trouble du développement neurologique qui apparaît à un âge jeune, dure toute la vie et se caractérise par des difficultés dans la communication sociale, des comportements répétitifs et restreints, ainsi que des réponses atypiques aux stimuli sensoriels (McPartland, 2016). Le terme TSA a été choisi comme terme inclusif pour tous les troubles du spectre (il existe trois niveaux de gravité en termes de fonctionnement). 

 

Ce terme clinique remplace le terme TDP (Trouble du Développement Pervasif) qui était utilisé dans le passé et incluait l'autisme, le syndrome d'Asperger, le trouble désintégratif et le TDP non spécifié.La définition actuelle selon le DSM-5, le guide de classification et de diagnostic des troubles mentaux publié par l'Association Américaine de Psychiatrie (American Psychiatric Association, & American Psychiatric Association. DSM-5 Task Force \[DSM-5\], 2013) comprend les critères suivants :          

  • des déficits persistants dans la communication sociale et l'interaction dans plusieurs cas de situations ;
  • des domaines d’intérêt, d’activité et comportement restreints et récurrents se caractérisant, dans le présent ou par le passé ;
  • les symptômes doivent être présents dans la période développementale précoce ;
  • tous les symptômes limitent et compromettent le fonctionnement quotidien ;
  • le trouble n'est pas expliqué par un retard mental ou un retard global du développement.

Caractéristiques et besoins dentaires spécifiques

 

Il existe des caractéristiques buccales propres à l'autisme qui peuvent avoir un impact sur le besoin de traitement dentaire.

  • Les patients atteints du spectre de l’autisme ne sollicitent pas de visites dentaires, du fait probable de leur incapacité à associer les sensations désagréables (douleur dentaire) et n’étant pas conscient de l'existence de praticiens pouvant les résoudre. De plus, ils nécessitent généralement des conseils détaillés et adaptés sur le maintien de l'hygiène buccale par un personnel qualifié. Le manque d'éducation et de conseils de la part des équipes dentaires, ainsi que l'absence de visites régulières à la clinique comme mentionné précédemment, peuvent entraîner une mauvaise hygiène buccale en raison du manque de conscience du patient. De plus, l'impuissance ou le manque d'orientation de la part de la famille ou des aidants peuvent compliquer davantage la prise en charge. Il est difficile d’avoir une bonne hygiène buccale en raison de difficultés dans la régulation sensorielle - le contact de la brosse à dents dans la bouche ou le contact des poils avec les gencives et les dents ainsi que le goût et la texture du dentifrice peuvent provoquer une sensation désagréable.
  •  Les médicaments (antidépresseurs, antipsychotiques, stimulants) peuvent entraîner diverses pathologies gingivales qui peuvent se manifester par un œdème des gencives et des saignements au moindre contact. Ces médicaments peuvent provoquer une bouche sèche et augmenter le risque de carie. (Dao et al., 2005 ; Krause et al., 2010 ; Romer et al., 1999 ; Kopel, 1977)
  •  Des habitudes néfastes des patients sur le spectre telles que le bruxisme, la protrusion de la langue, le fait d’agresser les gencives avec un doigt ou un objet et le mordillement des lèvres sont également considérées comme des facteurs de risque. (Al et al., 2015; Chandrashekhar & Bommangoudar, 2018).
  •  Les accidents impliquant la fracture des dents (en particulier des incisives maxillaires) en raison de la maladresse motrice caractéristique de certains patients. Parfois les enfants ou même des adultes mastiquent des objets qui ne sont pas couramment consommés tels que des pierres, des éléments métalliques ou plastiques. (Udhya et al., 2014 ; Altun et al., 2010).
  • L'utilisation du médicament Phénytoïne, généralement administré en traitement de soutien dans l'autisme, peut entraîner un retard dans l'éruption dentaire (du fait de l'hyperplasie et hypertrophie gingivale induite par la phénytoïne).
  • Les habitudes néfastes (telles que l'insertion d'objets dans la bouche, la protrusion de la langue) entraînent parfois des migrations dentaires ainsi que des phénomènes de malocclusion et/ou une relation anormale entre les maxillaires (Jaber, 2011).

Il est très difficile d'encourager le patient à coopérer pendant le traitement en raison des difficultés dans les interactions sociales et de communication. Une étude menée aux États-Unis (Loo et al., 2009) a constaté que parmi les méthodes recommandées aujourd'hui pour le traitement dentaire de ces patients figurent la présence des parents pendant l’acte thérapeutique, l'utilisation de la technique TELL SHOW DO (dire, montrer, faire) avec instructions courtes, claires et accompagnées de renforts verbaux positifs. En ce qui concerne la structure des rendez-vous, il a été conseillé que leur durée, et donc l'exposition à la sensibilité sensorielle, soit minimale en raison de l'attention limitée des patients. Il est conseillé de planifier des rendez-vous courts et bien organisés, avec un temps d'attente inférieur à 15 minutes. En ce qui concerne l'environnement dentaire, il est très important de tenir compte des composantes environnementales pour déterminer le niveau de confort des patients lors d'événements médicaux stressants. Les discussions pendant le traitement lui-même et qui sont liées au travail effectué doivent être évitées. Un éclairage doux et de la musique peuvent être utiles. Les bruits forts et inattendus peuvent entraîner des réponses comportementales qui retarderont les processus de traitement. Tous les participants au processus doivent minimiser leur activité et leur présence. Le dentiste traitant et l'assistant doivent éviter de faire des mouvements brusques et soudains.

 

Une autre étude menée aux États-Unis (Pilebro & Bäckman, 2005) a porté sur l'utilisation d'éléments visuels qui sont un outil efficace. L'étude a examiné l'efficacité de l'utilisation d'une méthode structurée de présentation des étapes et des techniques de brossage des dents en montrant des images illustratives de l'endroit où les enfants se brossent les dents.

 

Handicap du développement intellectuel

 

Caractéristiques du handicap

 

Le handicap du développement intellectuel se caractérise par une altération significative du fonctionnement intellectuel et du comportement adaptatif mise en évidence dans les compétences conceptuelles, sociales et pratiques (American Association on Intellectual and Developmental Disabilities (AAIDD). Ce handicap peut être causé prénatal, pendant ou après la naissance et ses caractéristiques seront diagnostiquées au plus tard à l'âge de 22 ans. Il existe trois critères principaux sur la base desquels le handicap du développement intellectuel est diagnostiqué selon le DSM-5 (DSM-5, 2013) :

  • altération du fonctionnement intellectuel - une diminution de deux écarts-types sur un test d'intelligence (QI inférieur à 70) ;
  • altération du comportement adaptatif - entraînant une incapacité à atteindre les normes de développement, sociales et culturelles afin d'acquérir l'indépendance personnelle et la responsabilité sociale
  • âge de début - l'altération se manifeste et est diagnostiquée avant l'âge de 22 ans.

Fig. 3 Une patiente ayant une déficience intellectuelle est assistée par un chien qui lui donne confiance pendant le traitement

 

Caractéristiques et besoins dentaires spécifiques

 

Les personnes présentant des troubles du développement intellectuel ont une hygiène bucco-dentaire plus médiocre que la population générale et une prévalence plus élevée de pathologies gingivales (en particulier chez les personnes atteintes du syndrome de Down) (Wilson et al., 2019). Les caries non traitées sont plus fréquentes ainsi que les extractions en raison de l’absence de soins. Les facteurs de risque, associés à une mauvaise hygiène et à une prévalence élevée de caries, sont une consommation accrue de sucre ainsi que l'incapacité d’avoir un brossage dentaire efficace. Parmi ces patients, il existe une fréquence relativement élevée d'épilepsie qui provoque des distorsions et des convulsions, une perte d'équilibre et des chutes, et par conséquent, des fractures répétées principalement des dents antérieures.

 

Défis spécifiques et interventions

 

Il est très important que le dentiste se concentre sur les soins préventifs : les conseils aux parents pour un régime alimentaire pauvre en glucides et en sucres simples en particulier, ainsi que les conseils pour une hygiène dentaire performante. On devrait enseigner à ces patients particuliers comment se brosser les dents et maintenir une hygiène bucco-dentaire de manière adaptée à leurs capacités cognitives. Dans une étude menée par Aguirre-González et al. (2020), il a été constaté que des techniques de soutien comportemental telles que la modélisation et l'utilisation du contrôle vocal sont une aide pour leur coopération pendant le traitement. La présentation de vidéos courtes, d'images amicales ou de dessins liés à la dentisterie aident également à augmenter la coopération. Il est aussi conseillé d'envisager l'utilisation d'outils pour limiter la mobilité pendant le traitement, uniquement lorsque cela est nécessaire.

Fig. 4 Un patient souffrant de déficience intellectuelle entre dans le cabinet que si le personnel chante et danse des chants de synagogue avec lui


 

Handicap physique

 

Caractéristiques du handicap

 

Le handicap physique se caractérise par une capacité limitée à effectuer des activités motrices telles que la marche, l’emprise et parfois la parole de manière indépendante.

 

Caractéristiques et besoins dentaires spécifiques

 

Bien que le handicap physique ait de nombreuses causes, la paralysie cérébrale est la plus courante des handicaps congénitaux causés par des lésions cérébrales dans les premiers stades du développement cérébral. Ceci entraîne des altérations motrices, sensorielles, perceptuelles, de communication et de comportement. Dans certains cas, il existe des défis supplémentaires tels que l'épilepsie, des problèmes auditifs, visuels, oraux et des déficiences intellectuelles (Jan, 2006). Les personnes ayant un handicap physique peuvent présenter des caractéristiques telles que des difficultés à avaler et bavent en raison d'une fonction musculaire altérée. Cela se manifeste par une forte prévalence de problèmes occlusaux provenant de l'hypotonie des muscles de la zone buccale, des mouvements mal coordonnés entre les maxillaires, les lèvres et la langue. Dans plus de 50 % des cas, la mâchoire inférieure sera pendante engendrant une bouche ouverte au repos. Nous assistons à une incapacité à fermer les lèvres, une protrusion de la langue, la respiration par la bouche et une non occlusion antérieure.

La respiration par la bouche et la mobilité limitée des tissus mous affectent négativement l'état parodontal et causent des maladies des gencives. De plus, l'utilisation du médicament Phénytoïne, administré pour traiter l'épilepsie, provoque une gingivite hyperplasique papillaire. Une mauvaise hygiène bucco-dentaire, parfois due à un déficit moteur, est également un facteur de maladies des gencives.

Un autre phénomène courant est le bruxisme. Cette habitude est liée à des changements dans la proprioception qui existent en grande prévalence dans la paralysie cérébrale. En raison du bruxisme, des troubles de l'articulation temporo-mandibulaire peuvent également survenir (Wasnik et al., 2020). Les personnes ayant un handicap physique peuvent être plus sujettes aux blessures et aux traumatismes. Les patients atteints de paralysie cérébrale peuvent présenter des mouvements de tête incontrôlés, pouvant entraîner des traumatismes dentaires dus au choc avec des objets ou des surfaces dures. De plus, la structure de l'arcade maxillaire est généralement triangulaire avec un palais profond et des incisives supérieures proéminentes. Une autre raison est la prévalence élevée de crises qui entraînent des chutes et des fractures, ainsi que des blessures dentaires. Une érosion dentaire peut également survenir dans les cas de paralysie cérébrale en raison du reflux gastrique causé par le RGO (reflux gastro-œsophagien). Un autre facteur d'érosion est la difficulté à avaler et les maladies respiratoires infectieuses ainsi que la consommation accrue de boissons gazeuses (Wasnik et al., 2020).

 

Défis spécifiques et interventions

 

Le traitement peut être réalisé sur leur propre fauteuil roulant. Un double appui-tête ou un oreiller peut être utilisé pour le soutien. Il existe également des dispositifs spéciaux permettant d'incliner les fauteuils roulants, ce qui permet de réaliser le traitement sur ce fauteuil. Si le traitement sur le fauteuil roulant n'est pas possible et que le patient doit être transféré sur le fauteuil dentaire, un lève-patient ou une planche de transfert peut être utilisé. L'anxiété liée à l'environnement de la clinique et au traitement dentaire peut augmenter la spasticité (rigidité musculaire), ce qui entraînera des difficultés supplémentaires pendant le traitement. Il est conseillé d'envisager une prescription de médicaments anxiolytiques. Si nécessaire, il est possible d'utiliser des aides telles qu'une attelle Papoose souple et rembourrée (plus confortable que la ‘’planche Papoose’’). Cela permet de stabiliser les mouvements incontrôlés et de fournir un sentiment de sécurité pendant le traitement. Un ouvre bouche ou des cales postérieures peuvent être utilisés pour maintenir la bouche ouverte pendant le traitement.

 

Pour ces patients, la dentisterie préventive est très importante. L'application de fluorure dès le plus jeune âge peut aider de manière significative dans la prévention, ainsi que les conseils aux parents pour prévenir les traumatismes dentaires en capitonnant les surfaces dures et en utilisant des mesures préventives telles qu'un protège-dents. Le bruxisme et l'usure des dents peuvent être atténués grâce à des traitements conservateurs, des ajustements occlusaux, une thérapie par gouttière et des traitements pharmacologiques.

 

Démence

 

Caractéristiques du handicap

 

La démence est un syndrome cérébral acquis caractérisé par un déclin du fonctionnement cognitif avec une altération dans deux domaines cognitifs ou plus (mémoire, capacité de calcul, apprentissage, langage, jugement, conscience de soi, cognition sociale, vitesse psychomotrice, capacité visu-perceptive et visuo-spatiale). Le syndrome est diagnostiqué lorsque l'altération cognitive ne peut pas être attribuée au vieillissement normal et qu'elle interfère significativement avec l'indépendance de la personne dans la vie quotidienne. Les manifestations typiques de la démence sont la perte de mémoire, les changements d'humeur ou de personnalité (comme la méfiance et l'hostilité), la tristesse, les difficultés de communication et d'expression de soi, la confusion et la désorientation dans le temps et l'espace, les hallucinations, les troubles sensoriels et physiques et les troubles du sommeil.

La forme la plus courante de démence est la maladie d'Alzheimer (60-70 %) et la prévalence chez les plus de 60 ans est de 5 à 8 % (OMS, 2023). Une autre forme de démence est la démence vasculaire (DV) causée par des lésions de la circulation sanguine cérébrale.

 

 

 

Caractéristiques et besoins dentaires spécifiques

 

Les personnes atteintes de démence ont une probabilité plus élevée de développer des caries par rapport aux autres dans le même groupe d'âge. Il existe également des niveaux de plaque dentaire plus élevés et moins de dents en raison d'extractions (Foley et al., 2017 ; Zenthöfer et al., 2014). Les prothèses dentaires amovibles en cours d'utilisation ne sont généralement pas adaptées et non fonctionnelles en raison de la négligence et de la difficulté de ces patients à se rendre fréquemment en consultation. La santé des gencives est considérablement moins bonne et l'hygiène buccale est médiocre en raison du déclin cognitif, se traduisant par une détérioration de la santé dentaire (Zenthöfer et al., 2014). L'hygiène se perd à mesure que le niveau de dépendance de ces personnes augmente, aggravé par la progression de la maladie (Geddis-Regan & Walton, 2018 ; Pretty, 2014). De plus, il existe de nombreux cas de xérostomie induite par des médicaments et traumatismes dentaires tels que des fractures résultant de chutes. Ces raisons entraînent une altération de la qualité de vie et conduisent à terme à un besoin de traitement dentaire plus complexe. Le principal défi chez ces patients est leur incapacité à exprimer la douleur (Cohen-Mansfield & Lipson, 2002 ; Lobbezoo et al., 2011). Cette capacité diminue également à mesure que la maladie progresse.

 

Il existe plusieurs signes qui peuvent indiquer une douleur, un inconfort ou un problème dentaire dont les familles et les soignants doivent être conscients. Ces signes comprennent : le serrage des dents pendant les repas ou le brossage des dents, des changements dans l'appétit, le refus de certains aliments, l’abstention d’aliments et de boissons à des températures relativement élevées ou basses et la préférence pour des aliments tièdes ainsi que la perte de poids. D'autres signes sont la tension faciale ou les expressions telles que les grimaces, les froncements de sourcils, l'étirement du visage, la colère, l’agitation, les problèmes de sommeil ou un sommeil excessif, la bave, le frottement ou la succion d'objets dans la bouche. De même peuvent apparaître des difficultés à utiliser des prothèses dentaires amovibles existantes et aussi une halitose. (Kerr et al. 2020).

 

Défis spécifiques et interventions

 

Pour permettre aux patients atteints de démence de recevoir un traitement et de maintenir leur santé dentaire et leur qualité de vie, plusieurs facteurs doivent être pris en compte :

  • création d’une expérience positive au cabinet ;
  • continuité des soins afin de bâtir une relation de confiance avec le personnel ;
  • planification des rendez-vous et de leur durée sur des périodes où le patient est au mieux de sa forme.

 

Des études ont montré que l'utilisation de mesures de sécurité, une attention à la taille et à la forme de la pièce, un accès visuel maximal et le contrôle des niveaux de stimulation contribuent à créer un tel environnement (Kerr et al., 2020). Sur le plan physique, un accès confortable au fauteuil doit être facilité ainsi qu'un transfert sûr et facile de celui-ci au fauteuil roulant (Dementia Friendly Physical Environments Checklist(n.d.)). Dans le cadre de la création d'une infrastructure inclusive et adaptée, il est extrêmement important qu'un accompagnant soit présent pendant le traitement. Il peut aider à fournir des informations médicales et à prendre des décisions, à discuter du plan de traitement et des modalités de paiement. Pendant le traitement, l'accompagnant permet de créer un environnement calme pour le patient et peut aider à répondre à ses besoins et à fournir un soutien dans les situations de comportement difficile (Kerr et al., 2020).

 

Le traitement d'un patient atteint de démence est basé sur les besoins globaux du patient, l'évaluation de sa capacité à recevoir un traitement, les facteurs de risque existants et le stade de la maladie (Prince et al., 2013).

En raison de la nature dégénérative et progressive de la démence, l'intervention dentaire doit être adaptée aux différents stades de la maladie (Kerr et al., 2020).

 

Stade précoce

Il est possible et souhaitable d'approcher de manière proactive les maladies buccales au stade précoce. Le but du traitement sera de prévenir la douleur et l'inflammation, de gérer les maladies existantes et de maintenir la capacité fonctionnelle.

 

Stade intermédiaire

Il est peut-être encore possible de fournir des soins dans une clinique de ville lorsque le but est le diagnostic et le traitement de la douleur ainsi que l’entretien et le maintien de l'hygiène buccale. Cela se fait par la réalisation d'un détartrage, l’application topique de fluorure et l’initiation du patient à l'utilisation de la brosse à dents électrique. De même il sera orienté à se servir de dentifrice à forte teneur en fluorure et assisté par des conseils sur un régime alimentaire adapté. L'intervention dentaire ne sera nécessaire que si des symptômes tels que la douleur et l'inflammation sont présents. Les traitements plus complexes susceptibles de causer de la souffrance ou parfois même de mettre le patient en danger seront évités (par exemple, l'anesthésie générale peut aggraver la maladie).

 

Stade avancé

Il peut y avoir des dommages à la capacité de déglutition et le développement d'autres maladies typiques du vieillissement. Ce stade est souvent caractérisé par un manque de communication avec le patient et une incapacité à comprendre la réalité et le besoin de traitement, ce qui rend difficile l'obtention de sa coopération. Ces circonstances ne permettent pas de traitement vaste ou complexe. 

 Le traitement effectué à ce stade est généralement radical, même au détriment de la fonctionnalité et de l'esthétique. Le traitement d'un patient atteint de démence nécessite une réflexion dynamique et une prise de décision complexe axée sur le bien-être du patient, la qualité de vie et la prévention de la souffrance inutile. Il est aussi souhaitable, dans la mesure du possible, de tenir compte des préférences du patient au sujet des soins (Geddis-Regan et al ,2024.)

 

 

Santé mentale altérée

 

Caractéristiques du handicap

 

Un handicap caractérisé par une perturbation cliniquement significative dans la perception de la réalité, la régulation émotionnelle ou comportementale de l'individu. Cela reflète une perturbation dans les processus psychologiques, biologiques ou développementaux sous-jacents du fonctionnement mental (DSM-5, 2013). L'existence d'un trouble mental impacte significativement le fonctionnement de l'individu dans les sphères sociales, professionnelles et familiales. Le diagnostic des troubles mentaux est établi selon des critères professionnels définis conformément à la classification clinique des maladies : le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) (DSM-5, 2013) ou la CIM-11 (Classification internationale des maladies 11e révision).

 

Les troubles mentaux peuvent être chroniques, temporaires ou ponctuels et apparaître à différents niveaux de gravité. Parmi les troubles mentaux les plus courants, on trouve les troubles anxiogènes, le trouble dépressif majeur, le trouble bipolaire et la schizophrénie.

 

Caractéristiques et besoins dentaires particuliers

 

Les maladies buccales sont très courantes chez les personnes atteintes de troubles mentaux pour les raisons suivantes.

 

  • Le traitement pharmacologique des troubles mentaux (antidépresseurs, anxiolytiques et antipsychotiques) est accompagné d'effets secondaires qui causent directement ou indirectement des symptômes buccaux et des dommages dentaires. Ces médicaments entraînent principalement une diminution de la sécrétion salivaire (xérostomie), ce qui provoque une sensation de bouche sèche (Denis et al., 2018 ; Torales et al., 2017 ; Heaton et al., 2016 ; Friedlander & Mahler, 2001). La xérostomie accroît le risque de caries, de maladies des gencives et d'infections buccales telles que la candidose, la stomatite et, dans les cas graves, la glossite. Ces affections pathologiques entraînent des problèmes d'élocution, de mastication et une incapacité à utiliser les prothèses dentaires amovibles.
  • Une mauvaise nutrition, une consommation accrue de glucides et une consommation excessive d'alcool (Teasdale et al., 2017).
  • Des taux élevés de tabagisme, deux à trois fois plus élevés que dans la population générale (Dickerson et al., 2018).

 

Les personnes souffrant de divers troubles mentaux présentent des caractéristiques dentaires comme détaillés ci-dessous (Tomar et al., 2011 ; Kisely, 2016 ; Torales et al., 2017).

 

  • Troubles alimentaires : déminéralisation et érosion de l'émail dues à un environnement acide. Apparition de caries, inflammation et chéilites de la commissure labiale, langue rouge et douloureuse dans l'anorexie et usure dentaire dans la boulimie.
  • Troubles anxiogènes : lésions carieuses et osseuses, pathologies péri-apicales, infections buccales dues à une mauvaise hygiène et au tabagisme excessif.
  • Trouble bipolaire (maniaco-dépression) : caries dentaires, xérostomie et bruxisme.
  • Dépression : mauvaise hygiène, caries, xérostomie, prothèses dentaires non adaptées et non fonctionnelles en raison de la xérostomie, négligence et absence de consultations régulières, douleurs faciales-maux de tête.
  • Schizophrénie : caries rampantes, maladie parodontale sévère due à l'athérosclérose causée par le traitement médicamenteux et le tabagisme excessif, dents manquantes.

Défis spécifiques et interventions

 

Le traitement dentaire des personnes atteintes de troubles mentaux présente des défis particuliers découlant du manque de motivation et de la désorganisation cognitive ainsi que l'anxiété et les coûts économiques élevés qui peuvent conduire à l'abstention des soins dentaires, exacerbant ainsi la situation. Le traitement des personnes atteintes de troubles mentaux se caractérise par des annulations fréquentes de dernière minute, ce qui rend difficile l'élaboration d'un plan de traitement ordonné et cohérent permettant d'atteindre les résultats souhaités.

 

Il a été constaté que l'anxiété dentaire dans cette population est liée à la peur de l'expérience de la douleur (Ciobica et al., 2020). L'expérience de la douleur serait expliquée par le fait que les maladies mentales sont traitées avec des médicaments psychotropes qui interagissent parfois avec les agents anesthésiques utilisés dans le traitement dentaire. Ces réactions peuvent réduire l'effet de l'anesthésie, ce qui entraîne une augmentation de la douleur pendant le traitement dentaire. Une personne qui ressent de la douleur malgré l'anesthésie dans le traitement dentaire peut développer une anxiété dentaire en conséquence.

 

Il existe un manque de soins préventifs et d'éducation décernés par les dentistes, et généralement sont effectués seulement des traitements d'urgence pour soulager la douleur. À la lumière des caractéristiques et des besoins uniques, et aspirant à fournir des réponses adaptées à ces besoins, un modèle de traitement a été développé dans la clinique dentaire de Beit Issie Shapiro.

 

 

Le modèle de travail dans notre clinique dentaire : description et caractérisation

 

Le modèle de traitement qui s'est mis en place comprend les éléments suivants : service centré sur la personne, traitement dentaire adapté, approche multidisciplinaire.

 

Service centré sur la personne

 

L'un des principes directeurs dans la prestation de services centrés sur la personne est que le patient est l'expert de sa propre vie. Il sait ce qu'il veut, il connaît ses besoins, et ressent toute douleur, souffrance ou autre sensation perturbante dans sa vie. Par conséquent, il est important qu'il soit partenaire à part entière et qu'il participe au choix du plan de traitement, dans les limites de ses capacités.

 

La clinique dentaire fonctionne selon le modèle d'intervention centré sur la personne de Rogers (1951), qui comprend trois composantes centrales :

  • une approche empathique du soignant qui se manifeste par des essais de se rallier au vécu du patient, afin de mieux comprendre sa réalité existentielle et ses implications sur sa qualité de vie et ainsi essayer de se mettre à sa place en tant que soignant ;
  • la crédibilité et l'honnêteté, ce qui signifie une communication franche et ouverte avec le patient, le respect du "contrat de traitement" et l’absence de manipulations interpersonnelles pendant le traitement ;
  • une approche non-jugeante. En tant que professionnel empathique, le soignant essaiera de comprendre les comportements du patient tels que la résistance, la protestation et même l'offense comme des expressions sincères de détresse plutôt que comme un trait indiquant quelque chose sur le caractère de la personne. 

Fig. 8 Familiarisation avec la salle de traitement et adaptation à la clinique à l’aide de poupées

 

Traitement dentaire adapté

 

Le traitement dentaire adapté vise à éliminer les obstacles dans l'interaction avec une personne en situation de handicap. Dans le traitement de personnes sans handicap, la communication avec le patient permet généralement de comprendre l'essence du problème et les sensations du patient, le dialogue permet d'expliquer le plan de traitement prévu et d'obtenir un consentement éclairé. Lorsqu'il s'agit d'enfants ou d'adultes en situation de handicap, cela n'est souvent pas le cas. Certains patients présentent un handicap cognitif, des troubles de la communication, des troubles sensoriels et des difficultés d'expression dues à des problèmes physiques complexes ou à des maladies neurologiques dégénératives. Les caractéristiques diverses de ces handicaps peuvent poser un défi significatif pour comprendre le problème et le diagnostiquer. Il est difficile de communiquer avec le patient, comprendre ses sensibilités et par conséquent d’obtenir sa coopération pour l’aider de manière optimale.

Fig. 9 Réduire l’anxiété en se regardant dans le miroir pendant le traitement

 

 


 

 Approche multidisciplinaire

 

L'utilisation des principes multidisciplinaires fait partie du modèle de traitement de notre clinique dentaire qui permet d'établir un lien progressif avec le patient, de comprendre ses difficultés et ses mécanismes d'adaptation émanant du handicap, et de s'y rattacher jusqu'à ce que la coopération soit obtenue. La complexité des besoins dentaires et les caractéristiques fonctionnelles et comportementales nécessitent une intervention multidisciplinaire coordonnée visant à créer une intervention synergique. Cette synergie, associée au traitement dentaire, utilisera des interventions dans d'autres domaines : thérapie occupationnelle, troubles de la communication, analyse du comportement, y compris des techniques de soutien comportemental utilisées en dentisterie pédiatrique qui conviennent également au traitement des personnes handicapées. 

En utilisant ces principes, le lien entre le patient et l’ensemble du personnel professionnel peut être développé et nourri. La confiance est instaurée, le contrôle du traitement par le patient peut être facilité et l'anxiété réduite.

Il est important de maintenir une communication constructive et une coopération avec l’accompagnateur qui est un partenaire actif dans le processus, et parfois un facteur important pour connaître le patient, ses sensibilités et ses besoins. L'expérience montre que les relations de confiance établies entre le personnel médical et l’accompagnant peuvent être un facteur significatif dans le succès du traitement.

 

 Aspects éthiques

 

Dans une clinique dentaire qui propose des services aux personnes handicapées, nous rencontrons de nombreux patients qui ont besoin d'aide pour prendre des décisions, souvent en difficulté pour décider par eux-mêmes. Par conséquent, dans la plupart des cas, le contact de la clinique au sujet des soins attribués sera avec l'accompagnant du patient. Il l’aidera à comprendre les informations qui lui sont fournies et à prendre des décisions ou bien décidera en son nom en tant que tuteur naturel ou désigné. Dans certains cas, l'accompagnant peut être amené à signer des formulaires de consentement au traitement, à l'utilisation de moyens spécifiques ou au recours à l'anesthésie générale. Cette réalité soulève souvent des questions et des dilemmes éthiques concernant l’attitude de l'équipe médicale vis-à-vis du patient et de l'accompagnant.

 

De nombreux parents se tournent vers notre clinique au profit de leurs enfants handicapés qui ont dépassé l'âge de 18 ans, pensant à tort que la tutelle naturelle se poursuit après cet âge. Cela est dû à l'implication intensive des parents et à leurs efforts en faveur de leur enfant tout au long de leur enfance et adolescence en raison des difficultés fonctionnelles de l'enfant. Cependant, si nous estimons qu’une tutelle légale serait nécessaire pour démarrer les soins, l'accompagnant est dirigé vers les autorités pour obtenir l'ordonnance légale et la présenter à la clinique. Le processus de désignation d'un tuteur est effectué auprès du tribunal des affaires familiales sur la base de documents médicaux attestant de l'état et des capacités de la personne handicapée, ainsi que du rapport d'un assistant social sur les relations entre les demandeurs et la personne handicapée. Cela permet de garantir que la désignation soit confiée à quelqu'un qui s'occupera de leurs besoins de la meilleure façon possible. Le tuteur ou le soutien à la prise de décision désigné pour la personne n'est pas nécessairement son/ses parents. Parfois d'autres membres de la famille ou une organisation seront désignés pour servir de tuteur à la personne, leur corps et/ou leurs biens. La désignation peut être permanente ou temporaire. La multitude des situations où des décisions sont prises pour le patient par une entité qualifiée soulève souvent la question éthique de savoir si la même entité agit dans le meilleur intérêt de cette personne. Parfois, nous rencontrons un tuteur dont les décisions concernant le patient semblent déraisonnables, voire contraires aux considérations médicales objectives. Ces cas nécessitent une attention particulière de la part de l'équipe médicale et une sensibilité à la situation délicate de l’handicapé qui est incapable de prendre des décisions par lui-même. Notre rôle est de mettre en lumière les situations où nous soupçonnons que des décisions ne sont pas prises dans le meilleur intérêt du patient. Nous nous efforçons à mener un dialogue ouvert et assertif avec les familles pour présenter les considérations et difficultés médicales.

 

L'équipe de la clinique doit maintenir un juste équilibre entre les besoins médicaux et esthétiques du patient d’une part, et les désirs et besoins de l'entité prenant les décisions en son nom d’autre part. La souplesse se veut de mise, et des solutions créatives doivent être envisagées tout en préservant les intérêts et la santé du bénéficiaire des soins. Si nécessaire, une consultation avec d'autres professionnels tels que des psychologues, des assistants sociaux, des conseillers juridiques, devrait être prise en considération.

 

Conclusion

 

Beit Issie Shapiro est une organisation qui œuvre pour promouvoir l'entrepreneuriat et l'innovation visant à améliorer la qualité de vie des handicapés. Au cours des quatre dernières décennies, divers services ont été développés, y compris une clinique dentaire, qui sert de point d’appui a notre guide détaillé et approfondi (Malamud et Granot,2024).

 

Le modèle social dans le domaine de l’infirme considère le handicap d'un individu comme le produit d'une réalité sociale qui crée des barrières dans divers domaines de la vie, perpétuant ainsi les stéréotypes et la discrimination. Le modèle social a joué un rôle significatif dans le développement de la clinique dentaire de Beit Issie Shapiro en tant que clinique centrée sur la personne. Dans notre approche thérapeutique, nous nous efforçons de lever les diverses barrières qui peuvent empêcher une personne en situation de handicap de recevoir un traitement dentaire adapté à ses préférences, sensibilités et besoins. En tant qu'organisation qui génère du changement, nous nous impliquons dans le développement d'approches proactives visant à améliorer la qualité de vie en se basant sur une vision et un désir de rendre les services accessibles, en particulier les services dentaires, aux personnes en situation de handicap.

 

Dans le cadre de cet objectif, un modèle de travail pour un traitement dentaire centré sur la personne a été rédigé. Il englobe le "quoi" et le "comment”. Il s’agissait de réunir minutieusement et avec méthode les riches connaissances et expériences acquises au fil des années dans notre clinique dentaire. Ce document présente des notions théoriques de base et des explications sur les caractéristiques courantes des handicaps, en mettant l'accent sur les aspects nécessaires pour fournir un traitement dentaire adapté aux personnes en situation de handicap. La mise à l’écrit de notre modèle de travail est destinée à profiter aux prestataires de services dans les cliniques dentaires pour les personnes en situation de handicap et aux individus recevant ces services. Le guide fournit des explications sur les besoins spécifiques d'une population diversifiée, des exemples et des réflexions issues d’une approche de traitement adaptée, présentant des outils fondamentaux pour réaliser des soins centrés sur la personne dans différentes situations. Tout cela est fait dans une perspective sociale, reconnaissant le droit de chacun à un service égal et la responsabilité de la société de promouvoir cette réalité. Un traitement dentaire, respectueux, adapté et axé sur l'individu, contribuera grandement à la qualité du service, aux connaissances des soignants et à la réputation des cliniques dentaires offrant des soins centrés sur la personne.

L'équipe dentaire de Beit Issie Shapiro continue de développer des approches d'intervention sur mesure pour le traitement des personnes en situation de handicap et est heureuse de partager ses connaissances dans ce guide. Nous espérons que vous trouverez du savoir et de l'intérêt dans le modèle. Nous serons heureux de vous aider à adapter votre clinique au modèle de traitement dentaire centré sur la personne et ses besoins spécifiques.

 

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