Imagerie des pathologies de l’articulation temporo- mandibulaire

Audrey Lacan et Gil Teman

Dossier spécial : Toutes les dimensions de l'imagerie

AONews #8 - Février 2017


Dr Gil Teman et Dr Audrey Lacan (Paris)

Les troubles de l’ATM (articulation temporo-mandibulaire) sont souvent difficiles à traiter et nécessitent une bonne connaissance de la pathologie.

L’exploration en imagerie doit être bilatérale et comparative.

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Imagerie des pathologies de l’articulati
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Les troubles de l’ATM (articulation temporo-mandibulaire) sont souvent difficiles à traiter et nécessitent une bonne connaissance de la pathologie. L’exploration en imagerie doit être bilatérale et comparative. On retrouve les pathologies de toutes les articulations ; ce qui les différencie, c’est la présence de lésions méniscales ou discales (explorées en imagerie par résonance magnétique [IRM]). Le ménisque ou disque est une structure fibreuse qui, en situation normale, s’interpose entre le condyle mandibulaire et l’os temporal, tant en position bouche fermée qu’en position bouche ouverte.

En bouche fermée, la position du disque dans l’espace articulaire est normale quand le bourrelet postérieur du disque se situe à l’aplomb du vertex condylien avec une tolérance de 10°. Les luxations discales peuvent se faire dans tous les plans de l’espace mais principalement dans le plan antérieur. L’interposition discale peut être partielle. On différenciera

les déplacements antérieurs partiels ou complets réductibles (le disque reprenant des rapports normaux lors de l’ouverture buccale) des déplacements antérieurs irréductibles persistants lors de l’ouverture buccale; le pronostic est plus péjoratif si l’interposition discale

est totalement absente et si la luxation persiste lors de l’épreuve dynamique jusqu’à l’ouverture maximale. Les autres pathologies du ménisque ou disque à rechercher sont le disque fixé (ankylose discale) et la perforation discale. Outre les pathologies discales, les problèmes fonctionnels peuvent provenir uniquement d’anomalies condyliennes ou de la cavité articulaire : une dysmorphie condylienne, une malposition du condyle dans sa cavité glénoïde en position bouche fermée (surtout s’il existe des troubles d’occlusions), ou des phénomènes dégénératifs de type arthrosique.

Figure 1a                                    Figure 2a                                    Figure 3a

Figure 1b                                    Figure 2b                                    Figure 3b

Figures 1 : IRM coupes sagittales- L’interposition discale est présente en position bouche fermée (1a) et bouche ouverte (1b).

Figures 2 : IRM coupes sagittales- L’interposition discale est partielle en position bouche fermée (2a) et présente en position bouche ouverte (2b).

Figures 3 : IRM coupes sagittales- L’interposition discale est absente en position bouche fermée (3a) et présente en position bouche ouverte (3b).

Figure 4a                                       Figure 5a                                    Figure 6a

Figure 4b                                      Figure 5b                                    Figure 6b

Figures 4 : IRM coupes sagittales- L’interposition discale est absente en position bouche fermée (4a) et bouche ouverte (4b).

Figures 5 : IRM coupes sagittales- L’interposition discale est absente en position bouche fermée (5a) et bouche ouverte (5b). On remarque un signal plus faiblement intense au niveau du condyle mandibulaire correspondant à des remaniements arthrosiques.

Figures 6 : Examen TDM reconstructions 3D : Fracture condylienne et sous condylienne avec déplacement du condyle mandibulaire en dehors de la cavité glénoïde (pronostic fonctionnel)

 


L’ouverture buccale peut être gênée par des phénomènes inflammatoires (arthrite inflammatoire ou infectieuse) ou par un processus occupant intra-articulaire (tumeur bénigne ou maligne, pannus dans le cadre d’une polyarthrite rhumatoïde). L’ostéonécrose aseptique sera plus suspectée chez les patients traités longtemps par corticothérapie.
En absence de pathologie osseuse suspectée (traumatisme important pouvant engendrer une fracture osseuse, dysmorphie osseuse etc..) et si on s’oriente vers une pathologie discale, une exploration par IRM sera préférée.
Devant un traumatisme facial, l’examen TDM permet une exploration exhaustive de toutes les lésions sauf des lésions discales; l’urgence étant la fracture osseuse, l’examen de première intention reste le scanner. On recherche des fractures de la région de l’ATM mais également des fractures multiples et à distance. Le risque septique est important quand la solution de continuité se situe au niveau de la cavité buccale, surtout au niveau des zones dentées. Si la fracture intéresse la mandibule et plus particulièrement la région de l’ATM, le pronostic fonctionnel est engagé. La fracture des parois des cavités sinusiennes provoque un hémosinus. Le fait qu’une fracture du massif facial intéresse lecadre orbitaire est un facteur de gravité.

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