Vous êtes fabuleux !

Comment réagissez-vous aux compliments ?

Vous sentez monter votre taux d'ocytocine, là tout de suite, avec ces simples mots. Quel agréable compliment à entendre et à se repasser en boucle! Peut-être êtes-vous de ceux qui ont du mal à en recevoir, ou à en faire? Vous avez le syndrome "Le corbeau et le renard", peut-être? Le Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute vous marque depuis l'enfance (si vous êtes un millénial, vous ne savez même pas de quoi je parle)? Passez outre, car vous faîtes un amalgame entre flatterie et compliment! Faisons la différence qui change tout !

Vous méritez des compliments, acceptez-les avec joie, et sachez gérer les flatteries avec hauteur/dédain/opportunisme/jubilation !

Il est barbant Mr de la Fontaine avec ses morales, certes de bon sens, mais qui plombent l'ambiance et l'égo. Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois dit Renard, et hop voilà le corbeau de la fable qui ne se sent pas de joie, ouvre un large bec et laisse tomber sa proie au roué flatteur, qui lui rétorque : Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute, cette leçon vaut bien un fromage sans doute.

 

Passons outre le vocabulaire du XVIIème, assez peu exploitable aujourd'hui, pour en venir à la vraisemblance (soyons pragmatique, car pour convaincre, les mots comptent moins que le ton sur lequel on les prononce): il n'est pas simple de flatter un corbeau, je le prouve quasi scientifiquement. Lors d'un séjour au Sri Lanka (NDLR: la touche d'exotisme n'obère pas la démonstration. Dans cette île, il n'y a pas de pigeon mais des corbeaux tout aussi insolents), ledit volatile s'abattit sur ma terrasse et vola un petit pain sur la table du petit déjeuner. Avec un à propos sidérant, qui montre à quel point je suis darwinienne (seuls les plus forts et les plus adaptables survivent dans l'hostilité, et au passage un auto-compliment est toujours plaisant), je m'extasiais illico sur la splendeur de son plumage.

 

Certes en anglais, car je ne maîtrise pas le sri lankais, mais le ton était enjôleur ( et on connaît l'importance de la voix dans l'impact de conviction) et les mots étaient dans l'esprit de ceux de La Fontaine. Puisque ses vers sont censés avoir convaincu, et que ma mémoire fonctionne, je n'allais pas réinventer l'eau chaude. Fatale erreur système! Avant que je lui ai parlé de son ramage (franchement il croassait sans grâce, mais je ne m'apprêtais pas à lui proposer d'enregistrer un album, et qui veut la fin veut les moyens), l'oiseau noir était loin. Et un congénère, aussi peu réceptif à mes intimidations (car j'avais changé de ton, l'erreur est acceptable une fois si elle est pédagogique), venait rafler une brioche.

Quant au renard qui glapit pour avoir un fromage, car il pense que les produits laitiers sont ses amis pour la vie, c'est rare. Jean de La Fontaine devait boire, car dans la traduction latine d'Esope, c'était un morceau de viande; on lui accordera cette licence poétique, la rime en étant plus facile.

Cette parenthèse ethnico-animalière passée, revenons à nos compliments. Je suis surprise que certaines personnes, recevant un compliment sincère, aient une attitude de recul, de gêne ou d'hostilité (mais une légère rougeur est touchante à tout âge).

Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir une yiddish/corse/ce qui vous plaira Mama, hyper valorisante et dont les messages positifs dopent l'égo !

 

Pourquoi se priver du plaisir d'accepter un compliment? Fausse modestie pour certains, malaise par manque d'habitude, éducation austère (devoir-devoir), mauvaise estime de soi, expériences douloureuses, fausse force de caractère? Le tout à la fois parfois. En tous cas, cette attitude dommageable révèle une réelle difficulté à distinguer la sincérité de la vile flatterie.

Et quand bien même : sur une liste avantages /inconvénients, un compliment (même légèrement outré, pourvu qu'on ne soit pas dupe) et qui fait monter le taux d'ocytocine, cette hormone du plaisir qui s'active avec un orgasme, des câlins, un bain chaud et autre câlins (voyez Amma, le gourou indienne qui prend dans ses bras des milliers de personnes) vaut bien la remise de munsters virtuels (ou même de roues de gruyère). Les réseaux sociaux qui vous envoient de la dopamine à loisir en célébrant les like, et vous encourageant à ne point les lâcher des yeux et du clic l'ont bien compris (marketing de persuasion quand tu nous tiens!).

 

On ne dit jamais assez à ceux qu'on aime qu'ils sont beaux, agréables, qu'ils ont des qualités délicieuses, des atouts charmants, et qu'on se réjouit de leurs succès petits ou grands. Encourager quelqu'un, le féliciter c'est aussi un B-A-BA de management, sans lequel il n'y a pas de leader crédible, de thérapeute fiable.

 

J'aime faire des compliments, et sans être une sainte élever au plus haut possible le principe de bienveillance. J'aime en recevoir : merci mes amis, mes amours, mon public. Je déteste la flagornerie, que je ne pratique pas (soyons psychologue et diplomate, mais point besoin d'en faire trop). Et je n'ai pas envie de lutter contre un penchant naturel et optimiste à envoyer des ondes positives aux autres. Dommage pour ceux qui s'en protègent. Alors, en attendant le prochain compliment, filez devant un miroir pour vous sourire : vous êtes épatants/beau/unique et votre 1er fan.