Dossier : Pratiques en parodontologie : notre enquête - AO#39 - Déc 2020



Eau oxygénée puis Bétadine® en irrigation sous-gingivale sur des sites inflammatoires profonds ou lors du traitement non-chirurgical de péri-implantite. Bains de bouche chlorhexidine 0,12 % : Paroex 7j après désinfection globale.


- Les antiseptiques :

voir l’article de Joël Itic (dans Parodontologie et Dentisterie Implantaire, Philippe Bouchard) - Utilisation systématique des antiseptiques à l’eau oxygénée, en irrigations sous-gingivales et avec de la chlorexhidine pour les dispositifs ultrasoniques

- Utilisation systématique au cours des séances de détartrage-surfaçage et en phase de maintenance

- Prescription des bains de bouche en cas d’activité et de contrôle de plaque déficient


J’utilise la polyvidone iodée en irrigations sous gingivales couplées aux ultra-sons, sauf en cas d’allergies à l’iode ou j’ai recours à la Chlorhexidine. Chez les patients en maintenance je prescris la Listérine® en bains de bouche quotidiens.


NON. La littérature, à ma connaissance, n’a pas décrit de molécule miracle remplaçant ou potentialisant de façon significative l’action mécanique.


Je n’utilise plus d’ultra-sons depuis 28 ans. J’utilise des détartreurs pneumatiques (Titan, Soniflex). Je prescris exclusivement du Paroex à tous les moments du traitement parodontal. La Chlorhexidine, malgré ses effets secondaires connus, est le gold-standard des antiseptiques buccaux.


J’utilise les antiseptiques pendant la phase active du traitement parodontal : lors de la thérapeutique initiale, et lors de la phase chirurgicale quand elle est indiquée. La Chlorhexidine à 0,12 % pure a une rémanence de 12 heures, ce qui n’est pas le cas des autres antiseptiques. Il convient de savoir que, quel que soit l’antiseptique prescrit, il ne pénétrera pas dans les poches et son effet se limitera à la flore buccale, et non pas à la flore sous-gingivale sauf si l’antiseptique est appliqué en irrigation sous-gingivale. Dans ce cas, des résultats intéressants ont été montrés avec la povidone iodée, en particulier, au niveau de sites réfractaires. En raison des effets secondaires de la Chlorhexidine (colorations, modifications du goût), cette molécule ne peut pas être prescrite au long cours. Pendant la période de maintenance, je ne prescris pas de bains de bouche, sauf demande du patient, et dans ce cas, je conseille des huiles essentielles, mais il n’a jamais pu être démontré que le taux de survie des dents était supérieur quand un bain de bouche est utilisé en dehors de la phase active du traitement.


Je les utilise plutôt en irrigation sous-gingivale à la Povidone iodée ou en bains de bouche avec de la Chlorhexidine à 0,12 % pendant la phase de traitement et en post-opératoire. Pas de bains de bouche le reste du temps.


La Chlorhexidine reste la molécule la mieux documentée


 Un antiseptique ne peut se substituer au La chlorhexidine est le Gold standard des antiseptiques locaux par son effet anti plaque avec un très large spectre antibactérien. Elle a une forte affinité pour les muqueuses et surfaces lisses dentaires sur lesquelles elle s’absorbe facilement et durablement. Une concentration de chlorhexidine à 0,2 % (application, rinçage) est suffisante pour inhiber la croissance microbienne de la plaque. Les effets indésirables suite à une utilisation prolongée sont la coloration des dents, le risque d’apparition de mucite et une desquamation épithéliale réversible, une éventuelle altération du goût. La polyvidone iodée a un maximum d’efficacité quand la concentration finale est à 0,1 % et est très efficace sur les bactéries Gram + en particulier les streptocoques. En irrigation sous gingivale, il y a une efficacité limitée de l’application dans les poches parodontales car on ne dépasse pas les 3-4 mm même
associée à des inserts US. Chambrone et coll. ont montré dans une revue systématique en 2016 que les antiseptiques en complément du détartrage / surfaçage radiculaire pouvaient améliorer les résultats cliniques (diminution de la profondeur de poche et gain d’attache) chez les patients fumeurs (> 10 cig / jour depuis au moins 1 an). Mais ces résultats ne sont plus significatifs lorsqu’une antibiothérapie est réalisée également. (Chambrone L, Vargas M, Arboleda S, Serna M, Guerrero M, de Sousa J, Lafaurie GI. Efficacy of Local and Systemic Antimicrobials in the Non-Surgical Treatment of Smokers With Chronic Periodontitis : A Systematic Review. J Periodontol. 2016 Nov ; 87 (11) : 1320-1332). Nous prescrivons de la Chlorhexidine en bain de bouche et / ou en adjonction de nos thérapeutiques non chirurgicales lorsque nous sommes confrontés à des parodontites de stades III ou IV ou de Grade C, chez des patients qui sont immunodéprimés ou lorsque nous réalisons une Full Mouth therapy ce qui est inclus dans le protocole de traitement. (Quirynen M, Bollen CM, Vandekerckhove BN, Dekeyser C, Papaioannou W, Eyssen H. Full- vs. partial-mouth disinfection in the treatment of periodontal infections : short-term clinical and microbiological observations. J Dent Res. 1995 Aug ; 74 (8) : 1459-67).


Nous avons associé initialement à nos traitements non-chirurgicaux de la povidone iodée, qui a été l’un des antiseptiques les plus utilisés en irrigation sous-gingival. Néanmoins, l’ensemble des études portant sur l’efficacité de cet agent n’ont montré qu’une très légère amélioration des paramètres cliniques et microbiologiques à court terme (Guarnelli et al. 2008, Feng et al. 2011). Les irrigations sous-gingivales ne font donc plus partie de notre démarche thérapeutique, en revanche, l’association d’un bain de bouche à base de Chlorhexidine semble réduire significativement la profondeur des poches et le nombre de bactéries parodontopathogènes du complexe rouge et orange (Feres et al. 2009). Lang N. et al. Group B Consensus paper : Non-surgical periodontal therapy : mechanical debridement, antimicrobial agents and other modalities. Journal of the International Academy of Periodontology 2015 17/1 Supplement : 34-36.


En résumé : il convient de déterminer pour quelle phase du traitement on considère les antiseptiques utiles. Pour la phase active du traitement (thérapeutique initiale, surfaçage ou chirurgie) les molécules utilisées peuvent être différentes de la phase de maintenance / soutien. Pour la thérapeutique initiale et les surfaçages la Chlorhexidine, la Povidone iodée (Betadine®), l’Hexetidine, l’eau oxygénée (H2o2) peuvent être intéressantes mais principalement en irrigations sous gingivales car les bains de bouche ne permettent pas une action au fond des poches. Notre préférence va sans aucun doute à la povidone iodée en association avec H2O2 dont l’action bactéricide est supérieure à la Chlorhexidine. Celle-ci étant inactivée par le sang et les exsudats pathologiques dans les poches profondes. La plupart des dispositifs ultra-soniques sont dotés de bacs permettant de coupler l’action mécanique à l’effet désinfectant. Pendant la phase de cicatrisation après chirurgie parodontale, lorsque le patient a des difficultés pour son contrôle de plaque des bains de bouche avec Chlorhexidine sont intéressants. Pendant la phase de maintenance nous savons que la Chlorhexidine entraîne des phénomènes d’agueusie et des colorations avec une utilisation à long terme. Suivant la pratique de chacun et en fonction de la demande des patients nous conseillons plutôt les huiles essentielles (Listérine ®) qui ne présentent aucun effet secondaire.