Dossier : Pratiques en parodontologie : notre enquête - AO#39 - Déc 2020 // QUESTION 3


Exclusivement BioOss® (Geistlich), combiné à une membrane de collagène. Pour des lésions larges 2 à 3 parois et des lésions angulaires. Pour les furcations de classe 2 mandibulaires et vestibulaires : membrane Guidor® sans adjuvant.


Au début, j’utilisais du corail dans les lésions angulaires. Cliniquement, au cours du suivi des comblements, il y a une résorption du matériel. Depuis 10 ans, plus d’utilisation des matériaux de comblement.


J’utilise le corail depuis les publications de JP. Ouhayoun et coll (Biocoral ®) qui remontent aux années 1985,86. Ce matériau strictement minéral, résorbable, me donne d’excellents résultats.


Oui j’utilise le Bio-Oss®, biomatériau le plus étudié. J’ai une très bonne impression clinique comparé à d’autres biomatériaux.


Je comble les lésions angulaires. Je sais bien qu’aucune régénération n’est possible, sauf sur quelques dixièmes de  millimètres au fond de la lésion. Mon objectif est la réduction des poches avec un sondage délicat. En 38 ans d’exercice, j’en ai vu passé des  biomatériaux. La membrane Guidor® (Sunstar), est certainement la plus intelligente et performante, mais là aussi très cher pour quelques millimètres de gain d’attache.


En chirurgie parodontale, comme je l’ai expliqué précédemment, j’utilise les substituts osseux dans le traitement des défauts angulaires. Le plus souvent en association avec les protéines matricielles de l’émail, ces dernières ayant pour objectif, comme pour les membranes en RTG, la régénération du système d’attache de la dent (néo-cément, avec fibres qui s’insèrent perpendiculairement dans la racine : nouvelle attache) alors que les matériaux de comblement aboutissent à une réparation (et non une régénération) du système d’attache par long épithélium de jonction. Toutefois, nous savons que le plus important à long terme n’est pas la nature du système d’attache mais la régularité des séances de maintenance parodontale associée à un contrôle de plaque optimal. Concernant les matériaux de substitution osseuse, j’ai beaucoup utilisé, à la fin des années 1980, le Biocoral® avec des résultats spectaculaires, lors de ré-entrées, sur des défauts sévères. Le substitut osseux idéal serait ostéoinducteur. Toutefois, aucun des biomatériaux diffusés n’est réellement ostéoinducteur, ils sont, au mieux, ostéoconducteurs, avec de grandes variations quant à leur degré de résorbabilité et remplacement par de l’os néoformé. L’os bovin déprotéinisé (xénogreffe) a fait l’objet de très nombreuses publications, et est très largement employé. L’os autogène reste un gold standard mais nécessite un site de prélèvement, ce qui allonge le temps de traitement, et augmente la morbidité de l’intervention. Dans tous les cas, les substituts osseux, et/ou les protéines matricielles de l’émail donnent des résultats supérieurs lorsqu’ils sont utilisés dans le traitement de défauts intra-osseux par rapport au lambeau d’assainissement réalisé seul sans biomatériaux.


J’utilise des biomatériaux parfois associés à l’Emdogain®, lorsque l‘os autogène n’est pas disponible. Comme type de matériaux j’utilise plutôt une xénogreffe (BioOss®).


J’utilise des matériaux allogéniques pour accroître la présence de collagène et des xénogreffes dans les élévations du plancher sous sinusien car il y a un meilleur recul dans la littérature.


Les lésions angulaires sont des séquelles de la maladie parodontale et sont considérées à haut risque de progression. Il est donc recommandé de les combler quand la composante verticale le permet. Les résultats sont stables au long terme (>10 ans) Reynolds MA et al, Periodontal regeneration - intrabony defects : a consensus report from the AAP Regeneration Workshop, J Periodontol. 2015 Feb ; 86 (2 Suppl) : S105-7.

En fonction du nombre de parois résiduelles, le choix thérapeutique n’est pas le même :

- composante verticale < 2 mm : pas de nécessité d’intervenir chirurgicalement ;

- lésions à 3 parois : comblement ;

- lésions à 1 ou 2 parois : comblement + utilisation de membrane résorbable de type Bioguide®.

En ce qui concerne les biomatériaux de comblement, nous utilisons des biomatériaux de type xénogreffe, tels que le BioOss®, os d’origine bovine déproténéinisé, seul ou en association à des membranes collagéniques résorbables. Les membranes résorbables peuvent également être utilisées seule pour permettre une vraie régénération tissulaire si l’espace sous la membrane est maintenu. Dans le cadre de lésions à 1 ou 2 parois, le biomatériau permet de maintenir l’espace sous la membrane et d’éviter ainsi une invagination de la membrane résorbable. Nous pourrions également utiliser des protéines dérivées de la matrice de l’émail afin de combler les lésions intra-osseuses. Cependant, ce biomatériau a un coût financier très élevé. De plus, Il est de plus souvent associé à d’autres biomatériaux de type xénogreffe pour permettre un maintien du biomatériau in situ. Les résultats obtenus ne sont pas cliniquement significativement supérieurs à ceux obtenus avec xénogreffes. Nibali L et al, Regenerative surgery versus access flap for the treatment of intrabony periodontal defects. À systematic review and meta-analysis. J Clin Periodontol. 2019 Dec 20.

Une revue systématique récente rappelle que plusieurs types de biomatériaux sont à notre disposition. Parmi eux, certains permettent une régénération osseuse (ligament parodontal, cément et os) : le DFDBA (decalcified freezedried bone allograft = allogreffe = os d’origine humaine), l’os bovin déproténéisé (xénogreffe de type BioOss®, les protéines dérivées de la matrice amélaire (Emdogain®). À l’inverse, des biomatériaux d’origine synthétique de type Verre bioactif, hydroxyapatite ou phosphate tricalcique ont montré des résultats limités sur le plan histologique. Comparant des études où les lésions intraosseuses sont traitées chirurgicalement avec ou sans adjonction de biomatériau, les résultats de cette revue systématique datant de décembre 2019 confirment encore aujourd’hui la nécessité d’utiliser des biomatériaux dans le traitement chirurgical des lésions intra-osseuses.

Les résultats obtenus sont dépendants des facteurs généraux du patient (tabac, diabète, etc.) et de l’anatomie de la lésion (pronostic de réparation très favorable pour les lésions à 3 parois permettant une bonne stabilité du biomatériau). Quand il est utilisé, l’Emdogain® est souvent combiné à un autre biomatériau de type xénogreffe pour permettre au matériau de se maintenir in situ. L’association membrane résorbable + os bovin anorganique montre de très bons résultats (gain d’attache clinique > 2 mm) stables au long terme (étude à 5 ans) pour les défauts larges, permettant une réparation osseuse et évitant que la membrane se collapse, grâce à l’échafaudage créé par l’adjonction de xénogreffe. Quand la lésion intra-osseuse est isolée et accessible, il est recommandé d’utiliser des protocoles de chirurgie mini-invasive avec préservation papillaire permettant de combler la lésion avec moins de suites opératoires qu’un lambeau de grande étendue.


Régulièrement non et peut-être un peu moins ces dernières années. L’association d’un biomatériau de comblement dépend de l’anatomie du défaut intra-osseux. En cas de lésions à 1 ou 2 parois osseuses, larges (≥ 37 degrés) et profondes (> 3 mm), la morphologie du défaut ne permet pas par lui seul d’assurer la stabilité mécanique des tissus et, par conséquent, la bonne stabilité du caillot sanguin, qui est considéré comme l’un des prérequis à la régénération parodontale. Dans ces situations, nous associons donc un matériau de comblement afin de prévenir l’effondrement des tissus et d’assurer le maintien de l’espace pour la stabilisation du caillot. Il n’y a pas de consensus sur le choix du biomatériau le plus adapté dans les techniques combinées de régénération parodontale. Néanmoins, parmi les différents matériaux que nous avons à notre disposition, la xénogreffe d’origine bovine est sans doute le substitut osseux le plus documenté dans la littérature scientifique avec les résultats les plus satisfaisants. Cependant, avec l’évolution des techniques de préservation papillaire et de chirurgie mini-invasive, la préservation des tissus est si importante qu’on arrive aujourd’hui à améliorer considérablement la stabilité du lambeau, sans avoir recours systématique à un matériau de comblement pour le maintien du caillot sanguin.


En résumé : la plupart des matériaux de comblement sont utilisés depuis plusieurs décennies avec d’excellents résultats cliniques ne serait-ce qu’en termes de soutien tissulaire (pour éviter, par exemple en chirurgie parodontale, un effondrement papillaire). Tout comme mon ami Vincent Jaumet nous avons utilisé le Biocoral® à partir des recherches effectuées dans le service de parodontologie de Paris 7 du Pr. Jean Pierre Ouhayoun et Daniel Etienne. Ce biomatériau présente l’avantage d’être résorbable à moyen et long terme, permettant ainsi de contrôler radiographiquement la réparation osseuse. Le plus important ainsi que V. Jaumet l’a souligné c’est la maintenance. Peu importe si on a régénéré avec un néo-cément et des néo-fibres desmodontales ou avec un long épithélium de jonction (débat très théorique) s’il n’y a pas ou mauvaise maintenance la chirurgie exécutée, même magistralement sera un échec.