Dossier : Pratiques en parodontologie : notre enquête - AO#39 - Déc 2020



NON


Pas d’utilisation du microscope à fond noir


Les microscopes à fond noir ou à contraste de phase peuvent être considérés comme des outils de « motivation
» pour patients. Dans ma pratique, les patients font confiance en mon diagnostic.


NON ; je n’ai pas le sens du commerce qui consiste à jouer sur la peur des gens pour leur vendre quelque chose qui ne leur apportera rien…


Étant un curieux, j’ai fait un stage chez Jacques Charon en, 1990, une grande claque sur la motivation et traitement non chirurgical : il parlait du microscope. J’ai aussi fait un stage avec Mark Bonner qui utilise le microscope, annonce que les parodontites sont des parasitoses et noie les patients de métronidazole derrière lequel plus rien ne repousse. Il faut lire le position paper de la SFPIO sur Parasites et maladie parodontale qui clôt la discussion.

Donc, non, pas de microscope.


Je n’utilise pas ces outils (microscope à fond noir et à contraste de phase) car ils ne vont pas modifier mon protocole de traitement. Une sonde parodontale et un bilan radiographique apportent bien plus d’informations que des microscopes. En outre, leur utilisation comme moyen de motivation peut avoir un effet traumatisant chez des patients hypochondriaques qui n’ont pas de connaissances en microbiologie. Il est dommage que des professionnels de santé puissent jouer sur la peur comme moyen de motivation des patients et d’adhésion à leur plan de traitement.


Jamais


Utilisation constante afin d’identifier globalement les différences de flore.


Le microscope à fond noir est un des tests de prélèvement microbien. Il se fait directement au fauteuil et permet uniquement la reconnaissance de quelques souches selon leur forme et leur mobilité : spirochètes, coccis, bâtonnets. Cela ne permet pas d’avoir une quantification ni d’antibiogrammes et de nombreuses espèces ne sont pas identifiables comme toutes les bactéries anaérobie. La principale application est la motivation du patient mais n’a aucun intérêt clinique sur la suite du traitement. Il faut faire attention de ne pas provoquer la peur chez nos patients car quel que soit le patient atteint ou non d’une maladie parodontale on pourra observer des bactéries mobiles. Nous ne réalisons pas ce type de prélèvement dans nos activités car il n’y a pas de réel bénéfice pour nos patients.


Nous ne pensons pas que le microscope puisse avoir un intérêt dans le domaine de la parodontologie.

Cet outil présente une spécificité très faible car il ne permet que de distinguer la présence de bactéries non mobiles (comme les cocci), généralement associées à un parodonte sain, des germes mobiles, comme les spirochètes. Néanmoins, l’hypothèse que l’augmentation du nombre de spirochètes soit forcément liée à l’activité pathogène d’un site n’a pas été confirmée. De plus, aucune quantification ou qualification bactérienne n’est possible, en particulier, en ce qui concerne les bactéries parodontopathèges qui sont réellement impliquées dans l’étiopathogénie des maladies parodontales. Par conséquent, le microscope n’apporte aucun bénéfice dans le diagnostic, pronostic ou dans la sélection d’une antibiothérapie si nécessaire. Par ailleurs, depuis 1989 que l’Académie Américaine de Parodontologie déconseille son utilisation.


En résumé : globalement les microscopes (fond noir et contraste de phase) ne permettent pas de faire un diagnostic précis du type de parodontite (voir la nouvelle classification des maladies parodontales) tout au plus ils ne peuvent servir qu’à la motivation des patients avec les risques mentionnés ci-dessus. En aucun cas ils ne peuvent orienter le traitement et pour s’en convaincre il suffit de lire l’article de la SFPIO sur le sujet.