Dossier : Pratiques en parodontologie : notre enquête - AO#39 - Déc 2020 // QUESTION 5



NON


Pas d’utilisation du PRF


Je n’ai pas recours à cette technique où là encore, les publications ne sont pas fiables car elles émanent des promoteurs de ce système.


NON ; même réponse que pour le laser. Même Quirynen ne m’a pas enthousiasmé sur ce sujet…


Je n’utilise pas le PRF en parodontie, bien qu’il y ait plusieurs études avec du PRF dans les lésions angulaires. Je l’utilise seulement en régénération osseuse. J’ai fait un stage chez J. Choukroun. Je suis aussi allé voir chez Quirynen qui travaille beaucoup sur le PRF, mais en régénération osseuse.


Des résultats intéressants ont été montrés dans la littérature par Quirynen et son équipe. Une revue systématique et méta-analyse (Castro et coll., J Clin Periodontol 2017) retenant 24 articles (essais cliniques randomisés) a été réalisée sur le traitement des défauts intra-osseux, des atteintes de furcation, et la chirurgie plastique parodontale. Les auteurs constatent une amélioration significative de la cicatrisation par rapport à un lambeau OFD (Open Flap Debridment). Un essai clinique randomisé avec contrôle a été réalisé en utilisant le PRF en moyen de préservation alvéolaire avec des résultats encourageants (Temmerman et coll., J Clin Periodontol. 2016). La question est de savoir si cela apporte un avantage par rapport aux protéines matricielles de l’émail ou aux biomatériaux de substitution osseuse et aux membranes. Compte tenu du coût de la centrifugeuse, les caractéristiques et les protocoles de centrifugation (dimensions et angulation du rotor, révolutions par minute et temps de centrifugation, modèle utilisé…) doivent être définis avec précision en raison de leurs influences sur les cellules, les facteurs de croissance et l’architecture de la fibrine enrichie en L-PRF. Tant qu’une standardisation des protocoles de centrifugation n’est pas établie et tant que la supériorité du PRF sur les biomatériaux utilisés en chirurgie parodontale régénératrice n’a pas été démontrée, avec un rapport coût bénéfice avéré, je ne peux préconiser son usage.


NON, je ne l'utilise jamais.


J’utilise habituellement les L-PRF. et le sticky bone en implantologie et en post-extractionnel. Je les utilise pour les reconstructions horizontales, comme pansement chirurgical, pour l’apport de facteurs de croissance, pour les élévations de plancher sinusien et pour des comblements post-extractionnels. On a un recul de 20 ans mais les résultats sont aléatoires en raison de la qualité sanguine du prélèvement. (On a besoin d’évaluer préalablement la NFS et spécialement l’hématocrite).


Le PRF (platelet rich fibrin) est un dérivé plaquettaire qui peut servir de membrane résorbable. Le PRF provient d’un prélèvement sanguin qui a été centrifugé. Le PRF contient des cytokines, des facteurs de croissance, et des cellules qui peuvent faciliter la cicatrisation. Le PRF utilise un processus de coagulation naturelle où les éléments sanguins sont décantés selon leur masse et la centrifugation permet d’obtenir un caillot de fibrine riche en leucocytes (L-PRF). La fibrine est une matrice cicatricielle impliquée dans tout processus de cicatrisation. Elle permet une colonisation rapide et organisée des cellules épithéliales et des fibroblastes. Elle stimule la croissance et la différenciation des ostéoblastes. Concernant l’utilisation dans les traitements des lésions intra osseuses ou inter radiculaires les résultats sont souvent contradictoires dans les études avec des protocoles qui peuvent difficilement être comparés (type de PRF différents avec des temps et des protocoles de centrifugation non standardisés, nature des lésions différentes et parfois combinés à des matériaux de  comblement). Mais il apparaît que le PRF améliore la cicatrisation primaire comparé à un lambeau d’assainissement seul. Le PRF a montré une amélioration en termes de rapidité de cicatrisation sur des alvéoles d’extraction des troisièmes molaires mais pas de réels bénéfices sur les résultats à moyen et long terme. Zahid TM, Nadershah M. Effect of Advanced Platelet-rich Fibrin on Wound Healing after Third Molar Extraction : A Split-mouth Randomized Double-blind Study. J Contemp Dent Pract. 2019 Oct 1 ; 20 (10) : 1164-1170. Il faut donc avoir une attitude raisonnée visà- vis de cet outil thérapeutique que nous limitons à des patients qui peuvent avoir une cicatrisation altérée ou limitée (diabétiques non équilibrés, fumeurs très importants, patients âgés ou dénutris) pour prévenir les retards de cicatrisation.


Au cours des 20 dernières années, les concentrés plaquettaires ont fait l’objet d’un certain nombre d’études, notamment, dans le domaine de la parodontologie. Nous avons aujourd’hui un peu moins d’une dizaine d’essais cliniques randomisés portant sur l’utilisation du PRF dans le traitement des défauts intra-osseux. Ces derniers montrent une réduction de la profondeur des poches et des gains d’attaches significativement supérieurs par rapport au lambeau d’assainissement seul. Néanmoins, très peu d’études comparent le PRF à d’autres biomatériaux utilisés dans le comblement ou la régénération parodontale des défauts intra-osseux. De plus, aucune étude histologique n’est encore disponible sur la cicatrisation de ces défauts lorsqu’ils sont traités par du PRF. Si les résultats cliniques semblent encourageants dans le traitement des lésions intra- osseuses, il en est un peu moins en ce qui concerne la chirurgie plastique parodontale. À ce jour, l’association du greffon conjonctif reste celui qui nous permet d’obtenir les meilleurs résultats, avec un gain de tissu kératinisé en hauteur et en épaisseur significativement supérieur que le PRF. Bien que sa capacité de potentialisation de la cicatrisation soit très séduisante, en l’état actuel des connaissances scientifiques, les protocoles restent encore à évaluer et des études complémentaires sont donc nécessaires. Nous ne l’avons pas encore intégré dans notre pratique, mais il est clair que sa facilité d’utilisation, combinée à son faible coût et sa source autologue, en fait un biomatériau idéal qui sera sûrement à reprendre en considération dans un futur proche.
- Miron R et al. Use of platelet-rich fibrin in regenerative dentistry : a systematic review. Clin Oral Invest (2017) 21 : 1913-1927 - Verma U et al. Platelet-rich Fibrin : A Paradigm in Periodontal Therapy – A Systematic Review. J Int Soc Prev Community Dent. 2017 Sep-Oct ; 7 (5) : 227-233.
- Castro A et al. Regenerative potential of leucocyte‐ and platelet‐rich fibrin. Part A : intra‐bony defects, furcation defects and periodontal plastic surgery. À systematic review and meta‐analysis. J Clin Periodontol. 2017 Jan ; 44 (1) : 67-82


En résumé : en parodontologie même si certains résultats sont encourageants des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer l’intérêt des PRF / L-PRF. La plupart des praticiens confirme une cicatrisation améliorée significativement mais qu’en est-il des indices cliniques à plus long terme. En chirurgie implantaire et surtout en chirurgie de régénération osseuse, greffe de reconstruction et comblement sous sinusien, l’intérêt en tant que pansement chirurgical semble plus pertinent.