La grande révolution numérique en dentisterie esthétique

SFDE, 15 octobre 2022

Grand retour du congrès de la Société Française de Dentisterie Esthétique à l’automne dernier

Depuis 2 ans, la SFDE renaît de ses cendres sous l’impulsion de son président, Pascal Zyman. Le 15 octobre dernier, la SFDE organisait une journée dédiée à la révolution numérique en dentisterie esthétique.

 

Parmi les conférenciers, des têtes d’affiche de haut vol, comme Irena Sailer, Vincent Fehmer, Serge Armand ou encore Galip Gurel pour ne citer qu’eux. La SFDE nous a régalés d’une journée riche d’un programme scientifique d’un très niveau, dans le prestigieux cadre de l’Élysées Biarritz.

Pour vous donner un petit goût de cette journée, nous vous présentons le résumé d’une des conférences qui nous a le plus marqués : celle d’Irena Sailer et Vincent Fehmer. Comment tirer profit de la révolution numérique lors de réhabilitation esthétique et fonctionnelle des patients bruxomanes ?

Voilà le sujet auquel ils se sont frottés : La démarche intellectuelle avant de traiter ces patients est de satisfaire 3 points clés :

- comprendre l’étiologie : d’où vient le problème ?

- déterminer l’objectif du traitement

- transférer l’objectif du traitement dans la bouche du patient et préparer les dents de la manière la moins invasive possible selon le concept « defect oriented treatment design ».

Dans le cas de patients bruxomanes, il s’agit dans un premier temps de comprendre l’origine de l’usure. Vincent et Irena ont commencé par nous rappeler des données statistiques : près de 20% des enfants de 13-14 ans de l’Ile de Man présentent des usures significatives de l’émail avec des plages de dentines exposées (Bardolia 2010). Aux Pays-Bas, 30% des jeunes de 11 ans et 44% des jeunes de 15 ans présentent des usures dentaires (Al Aidi 2015). Nous sommes face à une véritable épidémie d’usures dentaires chez des patients de plus en plus jeunes

Cette usure est notamment dû à une consommation de plus en plus importante de boissons acides et énergisantes qui dissolvent l’émail. L’étiologie de l’usure dentaire physiologique est multifactorielle, comprenant une composante érosive, abrasive et attritive et est liée à l’âge du patient (Lussi A. 2014). L’usure dentaire pathologique est définie, quant à elle, par une usure atypique compte tenu de l’âge du patient causant des problèmes fonctionnels, des douleurs ou des détériorations esthétiques. Notre rôle de dentistes est de savoir prévenir, intercepter et soigner ces patients.

Le traitement conventionnel de ces patients bruxomanes est long et complexe, nécessitant la plupart du temps l’augmentation de dimension verticale d’occlusion (DVO) et une réhabilitation globale. L’ère du digital a complètement changé l’approche de ces traitements, les rendant moins invasifs et plus prédictibles, selon le concept de « defect oriented treatment design ».

Dans un premier temps, il s’agit de déterminer le résultat final de la future réhabilitation et de faire essayer au patient l’objectif de traitement à l’aide d’un mock-up. Cette étape essentielle dans la planification de reconstruction du sourire a connu de nombreux bouleversements grâce à l’évolution des technologies de communication.

D’un simple dessin sur photo au Digital Smile Design sur Keynote d’abord, puis à l’utilisation de la réalité augmentée au passage à la 3D ,voire la 4D incluant les mouvements faciaux du patient à l’aide d’articulateurs numériques, cette étape est en complète mutation grâce aux nouvelles technologies qui nous permettent d’être de plus en plus précis, reproductibles et efficaces.

L’arrivée dans l’ère du digital permet de faciliter la communication avec le patient et le prothésiste en utilisant une approche interactive et permet de diminuer le nombre de séances nécessaires pour satisfaire le patient en assurant la prédictibilité du résultat final.

Une fois l’objectif de traitement validé, il s’agit de traiter le patient en mettant en place des soins selon les principes contemporains d’adhésion accompagnés d’une nouvelle vision de la gnathologie et de l’élévation de DVO. Le protocole 3 Step de Francesca Vailati décrit par nos conférenciers propose une approche complète et progressive alliant l’observation attentive de la fonction du patient ainsi qu’un wax-up « progressif » permettant l’établissement d’un diagnostic « dynamique » et l’utilisation de pièces prothétiques monolitiques usinées.

Une étude datant de 2022 montre des résultats très encourageants de la 3-Step-Technique avec des taux de survie à 6 ans supérieurs à 97% pour les composites directs, 98% pour les onlays et 100% pour les facettes (Torosyan 2022).

 

Romane Touati

 

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