Introduction
En dentisterie, chaque traitement vise invariablement à maintenir ou à restaurer la fonction masticatoire de la dent dans un environnement buccal sain. Que ce soit en endodontie « traditionnelle » où l'objectif est de rétablir un équilibre biologique sain autour des tissus dentaires, ou dans les traitements de préservation pulpaires, le but reste le même : offrir à la dent une seconde vie fonctionnelle dans un contexte sain.
Cet article explore donc les diverses options de restauration disponibles après un traitement de préservation de la vitalité pulpaire. Par la suite, nous utiliserons l'acronyme VPT, abréviation anglaise de Vital Pulp Therapy.
Le coiffage consiste à recouvrir la pulpe exposée avec un biomatériau sans l'enlever. La pulpotomie, en revanche, implique l'ablation du tissu pulpaire. Lorsqu'une partie seulement de la pulpe camérale est retirée, on parle de pulpotomie partielle ; si toute la pulpe camérale est réséquée, il s'agit d'une pulpotomie totale. Le choix de la procédure dépend de la profondeur de l'inflammation, l'objectif étant de ne retirer que le tissu pulpaire inflammé.
2 types de matériaux (2) :
Les restaurations compatibles et les conditions requises
Pendant la phase de restauration, il est crucial de suivre le gradient thérapeutique (3), en allant du moins invasif au plus invasif. Ainsi, la restauration directe, si possible, devrait être la première option envisagée, principalement avec des résines composites.
Cependant tous types de restaurations sont compatibles avec VPT. Le choix se fera en fonction du délabrement des tissus dentaires.
Lors du protocole d'adhésion, il est fortement recommandé de travailler sous champ opératoire pour isoler la dent des bactéries et de l'humidité (4),
Restauration directe
Une restauration directe, avec de la résine composite ou du CVI/CVIMAR, peut être réalisée immédiatement après la mise en place de matériaux de type biocéramique (5).
Pour la Biodentine, après un temps de prise d'environ 12 minutes selon le fabricant (en réalité, souvent plus proche de 15 minutes (6) ), le protocole de collage (SAM ou MR) peut être suivi lors de la même séance. Il est également possible de procéder à la restauration en deux séances distinctes : remplir la cavité avec la Biodentine, attendre le temps de prise recommandé, puis programmer la restauration ultérieurement.
Pour le MTA, dont le temps de prise est plus long (7) (en moyenne environ 2 à 3 heures, avec des variantes prenant 15 minutes) il est recommandé de le recouvrir d'un matériau moins sensible à l'humidité, tel que le CVI/CVIMAR, avant d'appliquer un composite par-dessus (5).
Concernant la pérennité du VPT, il est essentiel de réaliser une technique de sandwich fermée, car les biomatériaux utilisés sont sujets à l'hydrolyse dans la salive. Les matériaux de restauration, tels que les résines composites ou le CVI (moins recommandé car également sujet à l’hydrolyse), doivent donc recouvrir entièrement les biomatériaux (8). Un facteur mécanique à considérer lors de la restauration directe est l'épaisseur suffisante des résines. En général, lors d'un VPT, la cavité est volumineuse en raison de la carie, permettant de respecter l'épaisseur minimale de composite, soit 1 à 1,2 mm (9).
Restauration indirecte
En suivant toujours le gradient thérapeutique, voici les options pour les restaurations indirectes.
La principale différence en pratique réside dans le temps de prise des matériaux, bien que le protocole reste similaire pour chaque type de biomatériau. Deux méthodes sont possibles.
En un temps
En deux temps (si nécessaire car augmente les coûts, le temps au fauteuil et augmente le taux d’échec du traitement endodontique (5) )
Tableau récapitulatif
Quel que soit le protocole choisi par le praticien, il est crucial de protéger la dentine le plus rapidement possible via le scellement dentinaire, que ce soit avec un adhésif + composite fluide ou directement avec de la Biodentine lorsque le protocole est réalisé en un temps.
Intérêts du SDI (9,12–14) :
Meilleure distribution de contraintes mécaniques grâce à une surface plus lisse et homogène.
Quelle restauration choisir ?
Le choix entre restauration directe et indirecte dépend de nombreux facteurs.
Le premier facteur est la capacité du praticien. La restauration d’une cavité volumineuse en technique directe représente souvent une difficulté pour la majorité des praticiens (12). Le choix peut alors rapidement s’orienter vers une restauration indirecte après un VPT. Dans ce cas, il est important de prendre en compte les facteurs biomécaniques tels que le volume de la cavité (proximal, occlusal, MOD), sa profondeur et l’épaisseur résiduelle des parois.
Lorsque les parois restantes ont une épaisseur suffisante (> 1 mm), elles peuvent être conservées et le praticien pourrait envisager une restauration partielle collée (inlay, onlay). Dans le cas d’une cavité profonde (par exemple après une pulpotomie) et/ou large (cavité type MOD), les contraintes en tension prédominent. Il est alors préférable de transformer cette tension en compression. Un overlay, qui couvre entièrement toutes les cuspides, serait le choix idéal (12,15)
Il faut également considérer le contexte occlusal, tel que la localisation de la dent, la parafonction, et le guidage latéral (canin ou de groupe) (9).
Réparabilité
La notion de réparabilité de la restauration est un élément crucial à considérer avant de débuter la restauration coronaire.
Restauration directe : l'avantage de cette technique réside dans la possibilité de réparer ad integrum le matériau en cas d'échec du VPT. Si l'échec survient, un traitement endodontique complet peut être réalisé à travers la résine composite, suivi d'une restauration avec le même matériau. (16,17).
Restauration indirecte : la réparabilité est également possible, mais une réparation ad integrum n'est réalisable que pour les pièces prothétiques en composite. Par exemple, après une pulpectomie effectuée suite à l’échec du VPT, il est possible de combler une cavité d'accès réalisée à travers une pièce prothétique en disilicate de lithium avec du composite(18). Bien que cela puisse réduire la résistance mécanique de la restauration, la durabilité peut être assurée si le protocole de collage du fabricant est rigoureusement respecté.
Cependant, la réparabilité est plus complexe pour une couronne périphérique, car il est difficile de réaliser un collage à proprement parler sur du métal ou de la zircone (19).
Conclusion
Le choix de la restauration dépend davantage du niveau de délabrement de la dent que du biomatériau utilisé. Cette approche devrait être envisagée dès que possible, surtout chez les jeunes patients dont la capacité de réparation tissulaire est élevée.
Bibliographie